En pleine contestation de la réforme du gouvernement français, le chef économiste de la Banque mondiale a estimé que les progrès de l'espérance de vie devraient amener à accepter un report de l'âge de départ à la retraite.
Un nouveau soutien bienvenu pour la réforme des retraites du gouvernement français, après celui apporté par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) ? Le 27 mars, le chef économiste de la Banque mondiale, Indermit Gill, a en effet estimé que l’augmentation de l’espérance de vie rendait indispensable le report de l’âge de la retraite afin de maintenir la part de la population active malgré le vieillissement.
Prenant l’exemple de la France, Indermit Gill a rappelé qu’on y «observe une hausse de 20 ans de l’espérance de vie depuis 1950». Par conséquent, «nous devons donc nous attendre à ce que les gens travaillent plus longtemps», a-t-il jugé, même si plusieurs études ont montré que l’espérance de vie avait désormais tendance à stagner en France, voire à reculer dans d’autres pays occidentaux tels que les Etats-Unis.
Il faut que quelqu’un fasse les réformes structurelles nécessaires
L’économiste a regretté le refus d’accepter ce qu’il considère être une nécessité, déplorant que «des gens refusent de travailler même deux années de plus malgré cette hausse de l’espérance de vie de deux décennies». Selon Indermit Gil, la tendance à la diminution de la part de la population active dans la population globale des «pays avancés» devrait être contrée, car il serait essentiel pour les nations concernées de «réduire les effets du vieillissement sur la croissance économique».
«Mais pour cela, il faut que quelqu’un fasse les réformes structurelles nécessaires», a souligné Indermit Gill, apportant implicitement son soutien à la réforme menée par le gouvernement français. Définitivement adoptée le 20 mars sans vote de l’Assemblée nationale, après l’usage de l’article 49.3 de la Constitution par le Premier ministre Elisabeth Borne, la réforme des retraites, qui prévoit un recul de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, fait l’objet d’un profond mouvement de contestation qui se prolonge ce 28 mars avec une dixième journée d’actions.
Le président Emmanuel Macron doit cependant attendre que le Conseil constitutionnel valide le texte avant de promulguer la loi, cette institution ayant été saisie par les oppositions comme par les syndicats en vue d’invalider la réforme.
L’intervention du chef économiste de la Banque mondiale fait aussi écho aux derniers chiffres de l’Insee relatifs à la démographie française, qui révélaient en janvier 2023 une natalité en berne et une mortalité en hausse. Réagissant à ces données, l’Union nationale des associations familiales (Unaf) avait prôné une relance de «la politique familiale», estimant que «la baisse continue de la fécondité met en péril notre système de solidarité par répartition».
Baisse des naissances, hausse de la mortalité : la démographie française en crise ?