Les oppositions n'ont pas manqué de moquer les mesures présentées par le chef de l'Etat pour économiser l'eau, qui comprennent notamment la mise en place d'un «Ecowatt de l'eau», à l'instar du dispositif dédié à limiter la consommation d'électricité.
Lors d’une visite sous tension ce 30 mars dans les Hautes-Alpes, Emmanuel Macron a déclaré redouter des «situations de grand stress [hydrique] à l’été prochain» dans certaines communes, en dévoilant «un plan de sobriété sur l’eau». Celui-ci vise à anticiper les effets du changement climatique, avec un nouvel appel à la «sobriété» et un objectif d’atteindre 10% de réutilisation des eaux usées.
Citant «l’énergie, l’industrie, le tourisme, les loisirs, l’agriculture», le chef de l’Etat a appelé à la responsabilisation de chaque secteur et annoncé la mise en place d’un «Ecowatt de l’eau» sur le modèle de l’instrument déployé pour réduire la consommation d’électricité pendant les périodes de fortes demandes en hiver. Après une canicule et une sécheresse sévères durant l’été 2022, l’hiver en France a été particulièrement sec avec un record de 32 jours sans pluie, ce qui n’a pas permis de reconstituer les nappes phréatiques : le niveau de 80% d’entre elles se situait ainsi en dessous des normales au 1er mars.
La France, qui ne réutilise que moins de 1% de ses eaux usées, devra atteindre un seuil de 10% d’ici 2030, a annoncé le président. «Nous avons décidé de lancer 1 000 projets en cinq ans pour recycler et réutiliser l’eau», avec un objectif de réutilisation de «300 millions de mètres cubes, soit 3 piscines olympiques par commune […] ou 3 500 bouteilles d’eau par Français et par an», a détaillé le chef de l’Etat.
Les oppositions moquent l’accoutumance du chef de l’Etat aux applications et aux numéros verts
«L’eau est clairement le nouveau narratif de la peur et de la pénurie organisée !», a vivement réagi le leader des Patriotes Florian Philippot, selon qui cette annonce s’inscrit dans un continuum, après la «pénurie de liberté, d’électricité», ainsi que l’incitation à se nourrir «d’insectes».
À l’instant Macron annonce la mise en place d'un "Ecowatt de l'eau" en mai ! 🤦
➡️ L’eau est clairement le nouveau narratif de la Peur et de la pénurie organisée !
Pénurie de liberté, d’électricité, insectes à manger, et maintenant pénurie d’eau !
Se libérer ou être esclave !— Florian Philippot (@f_philippot) March 30, 2023
«Pour gérer les pénuries […], ils n’ont que des numéros vert et des alertes “Ecowatt”», a moqué le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy, qui n’hésite pas à décrire le gouvernement comme une «bande d’incapables».
Pour gérer les pénuries de Macronie, ils n’ont que des numéros vert et des alertes « ecowatt ».
Quelle bande d’incapables. https://t.co/b1wTmy7mn0
— Jean-Philippe Tanguy Ⓜ️ (@JphTanguy) March 30, 2023
«Macron face au défi climatique et à la raréfaction des ressources en eau : une application mobile… Brillant !», a ironisé l’eurodéputée insoumise Manon Aubry sur un registre similaire, se disant impatiente de voir les pouvoirs publics lancer un «numéro vert contre l’effondrement de la biodiversité».
Macron face au défi climatique et à la raréfaction des ressources en eau : une application mobile … Brillant !
On attend avec impatience le numéro vert contre l’effondrement de la biodiversité. https://t.co/AUPO8zrg2m
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) March 30, 2023
«Ah c’était ça le gadget de Pif ? Un “Ecowatt” ?», a pour sa part raillé la députée écologiste Sandrine Rousseau, en référence aux échanges du président de la République avec les jeunes lecteurs de Pif le Mag, un choix de communication très critiqué en plein mouvement de contestation de la réforme des retraites.
Ah c’était ça le gadget de Pif? Un « Ecowatt »? https://t.co/xZDUIsq0sl
— Sandrine Rousseau (@sandrousseau) March 30, 2023
Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé vouloir généraliser la «tarification progressive» de l’eau, expérimentée dans certains territoires depuis 2017. Au-delà d’un certain volume de base, le tarif devrait ainsi augmenter pour dissuader les usages excessifs. «Ça ne veut pas dire que le prix de l’eau va augmenter, il est d’ailleurs aujourd’hui dans la moyenne», a-t-il précisé.
Enfin, sur le sujet épineux des stockages artificiels d’eau pour les agriculteurs, le président a défendu l’utilité des ouvrages tels que ceux prévus à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) pour constituer des stocks en vue de l’irrigation agricole, à l’origine d’affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre le week-end précédent. Emmanuel Macron a cependant proposé que les prochaines retenues prennent mieux en compte la raréfaction de l’eau liée au changement climatique, et qu’elles soient conditionnées à des «changements de pratiques significatifs», à commencer par des économies d’eau et une réduction de l’usage des pesticides par les agriculteurs. «Il ne s’agit pas de privatiser l’eau. Ou de permettre à certains de se l’accaparer», a-t-il plaidé, en répétant que l’eau était «indispensable à notre souveraineté alimentaire».
Certains experts anticipent une diminution de 10% à 40% de la ressource en eau, jusqu’ici abondante dans le climat tempéré de la France, au cours des prochaines décennies.
«Macron tiers-mondise la France !» : le plan de sobriété du gouvernement crispe l’opposition