David Pressman, ambassadeur des Etats-Unis en Hongrie, désapprouve ouvertement la politique de son pays hôte. Pour ce diplomate américain, il est urgent que le gouvernement hongrois change d’attitude vis-à-vis de l’Ukraine et de la Russie.
«Au moment où nous travaillons dur avec nos partenaires pour repousser l’influence néfaste de la Russie, en Hongrie elle s’invite perpétuellement», fustige auprès de l’AFP David Pressman. L’ambassadeur des Etats-Unis en Hongrie s’en est pris à l’attitude des médias locaux qui, selon lui, relaieraient les thèses du Kremlin.
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Trop de gaz russe, pas assez d’aides à l’Ukraine ainsi qu’une propension à appeler à un cessez-le-feu chez son voisin… La politique menée par le gouvernement Orban peine à trouver grâce aux yeux de cet ambassadeur des Etats-Unis, qui a pris ses quartiers à Budapest en septembre 2022. Dernier grief en date : la prise de parole du Premier ministre hongrois ce 4 mai, en préambule d’une conférence organisée à Budapest par les conservateurs américains (CPAC) et réunissant des conservateurs des deux rives de l’Atlantique, prompts à dénoncer le «wokisme».
«On observe malheureusement un empressement regrettable» à parler d’une «fausse guerre culturelle», «quand il y a une guerre réelle de l’autre côté, avec des milliers de morts», juge ce diplomate de 46 ans, en marge d’une visite à la frontière avec l’Ukraine. Selon ses propres mots, l’attitude de la Hongrie est «préoccupante de la part d’un allié», membre de l’UE et de l’OTAN.
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Auprès des journalistes, le diplomate américain poursuit sa charge contre le gouvernement hongrois, qui a «mis les bouchées doubles dans sa relation» avec le géant russe Gazprom, «au lieu de diversifier ses sources comme les autres pays». David Pressman déplore également que Viktor Orban soit l’un des rares dirigeants européens à ne pas avoir visité Kiev et que son ministre des Affaires étrangères Peter Szijjarto se soit, selon lui, «rendu à Moscou non pas une, deux, trois, mais quatre fois et cinq fois en Russie, tandis qu’il n’a pas parlé une seule fois à son homologue ukrainien» Dmytro Kouleba.
Des prises de position qui dénotent dans le monde diplomatique et qui commencent à agacer en Hongrie. «Si vous avez le malheur d’exprimer une voix dissonante, vous êtes identifié contre un agent de l’étranger», se plaint le principal intéressé, se réfugiant derrière les «diversités d’opinions». Les Etats-Unis sont attachés «à ce que les institutions et voix indépendantes aient un espace» pour s’exprimer, insiste-t-il.
Financement de campagnes d’affichage comparant l’opération russe en Ukraine à la répression par l’Armée rouge de l’insurrection de Budapest en 1956, de partis d’opposition ou encore de médias «indépendants»… Au-delà de l’attitude de leur ambassadeur, l’administration Biden a mis les bouchées doubles ces derniers mois afin d’infléchir l’opinion hongroise.
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