L'Arménie et l'Azerbaïdjan s'accusent mutuellement de tirs à leur frontière, au moment où les efforts internationaux s'intensifient pour pacifier les relations entre Bakou et Erevan, qui se disputent depuis 30 ans la région du Haut-Karabagh.
Le Kremlin a appelé Erevan et Bakou à la retenue, alors que les deux voisins se sont mutuellement accusés, ce 11 mai, de tirs à leur frontière, faisant un mort et quatre blessés. «Les forces azerbaïdjanaises procèdent aux tirs d’artillerie et de mortier sur les positions arméniennes situées dans la région de Sotk», dans l’est de l’Arménie, a affirmé le ministère arménien de la Défense dans un communiqué, précisant que les forces arméniennes prenaient des «mesures de défense appropriées».
Pour sa part, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a accusé l’Arménie de tirer avec des «armes de gros calibre» sur les positions azerbaïdjanaises à la frontière, en dénonçant une «provocation». «Malgré les avertissements sur la nécessité de mettre fin aux provocations […], la partie arménienne a de nouveau violé le régime du cessez-le-feu», a assuré le ministère dans un communiqué, affirmant qu’un militaire azerbaïdjanais avait été blessé dans les tirs arméniens le 10 mai au soir et que les «tirs au mortier» se poursuivaient ce 11 mai au matin.
Cet incident intervient alors que des membres de la communauté internationale s’efforcent de faire baisser les tensions entre les deux voisins et relancer les négociations de paix. C’est notamment la mission du groupe dit «de Minsk» de l’OSCE, depuis 1992, coprésidé par les Russes, les Américains et les Français.
Pourparlers : plusieurs initiatives parallèles
Les dirigeants arménien et azerbaïdjanais, Nikol Pachinian et Ilham Aliev, devraient se rencontrer le 14 mai à Bruxelles, selon l’UE qui va parrainer la rencontre, après des discussions menées au début du mois à Washington entre les délégations arménienne et azerbaïdjanaise sous les auspices des Etats-Unis.
Ce 11 mai, Nikol Pachinian a accusé l’Azerbaïdjan de chercher à «saper les pourparlers» à Bruxelles, tout en soulignant qu’il était toujours prêt à y aller. «Je n’ai pas changé ma décision d’aller à Bruxelles», a-t-il déclaré, lors d’une intervention devant le gouvernement arménien. Il a toutefois estimé qu’il y avait «très peu» de chances de signer un accord de paix avec l’Azerbaïdjan lors de cette réunion.
Une précédente rencontre, prévue dans la capitale européenne, avait été annulée en décembre 2022. Le président azerbaïdjanais avait refusé d’y participer en présence d’Emmanuel Macron, dont il jugeait les positions trop «partiales». En février, l’Union européenne a dépêché en Arménie une mission d’observation.
Fin 2020, à l’issue d’un nouveau conflit armé qui s’est soldé par une déroute de l’armée arménienne, Erevan et Bakou avaient signé un accord de cessez-le-feu parrainé par la Russie, mais les tensions frontalières demeurent particulièrement fortes.
Ces dernières ont redoublé, lorsque Bakou a annoncé le 23 avril avoir installé un premier point de contrôle routier à l’entrée du corridor de Latchine, seul axe reliant l’Arménie à l’enclave séparatiste, déjà soumise à un blocus de plusieurs mois qui a provoqué des pénuries et des coupures de courant.
Manifestation d’Arméniens du Haut-Karabagh contre le blocage du corridor de Latchine par des Azéris