Abou Dabi et Doha ont officiellement annoncé la réouverture de leurs ambassades respectives, enterrant de fait une brouille de six ans. Les deux pays du Golfe étaient opposés sur la majorité des dossiers régionaux.
C’est, au Moyen-Orient, le grand retour de la diplomatie entre les ennemis d’hier. Après la Turquie et les pétromonarchies, l’Arabie saoudite et la Syrie, c’est au tour du Qatar et des Emirats arabes unis de renouer des relations diplomatiques.
«Sur la base d’un accord et de l’aspiration des deux États à renforcer les relations bilatérales, le Qatar et les Émirats arabes unis annoncent le rétablissement des relations diplomatiques avec la reprise des travaux de l’ambassade du Qatar à Abou Dabi et du consulat à Dubaï, ainsi que de l’ambassade des Émirats arabes unis à Doha le lundi 19 juin 2023», selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères du Qatar.
Marginalisation du Qatar pendant quatre ans
«Les deux parties ont souligné que cette étape venait comme une incarnation de la volonté des dirigeants des deux pays, et dans la consolidation de la marche de l’action arabe commune, pour réaliser les aspirations des deux peuples frères», souligne le communiqué.
Le Qatar et les Emirats arabes unis ont rompu leurs relations diplomatiques en juin 2017. Abou Dabi, Le Caire, Riyad et Manama sont alors entrés en conflit ouvert avec Doha, l’accusant notamment d’être lié à des mouvements terroristes, d’être le principal bailleur des Frères musulmans et d’entretenir des relations amicales avec l’Iran.
Pendant près de quatre ans, le Qatar a donc été isolé de ses voisins du Golfe persique avec notamment une interdiction de survoler certaines zones ou le boycott des produits qataris. Les deux blocs se sont opposés sur tous les dossiers régionaux. Doha, avec son allié turc, était favorable à l’opposition djihadiste en Syrie et a pris fait et cause pour le gouvernement d’al-Sarraj en Libye.
Le 5 janvier 2021, la déclaration du 41e sommet du Conseil de coopération des États arabes du Golfe à Al-Ula a insisté sur le fait de tourner la page sur le passé afin de préserver la sécurité et la stabilité du Golfe. Lors de ce rassemblement, tous les chefs d’Etats de la région étaient rassemblés, mais il a donc fallu attendre plus de deux ans pour voir la réouverture des ambassades.
Doha et Abou Dabi ont toujours entretenu une certaine animosité depuis l’indépendance des deux pays en 1971 et la fin de la tutelle britannique. Le Qatar devait faire partie du projet initial d’une fédération de neufs émirats, mais celui-ci a décidé de faire route à part.
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