Le chef de la diplomatie hongroise a fait savoir que l'entrée de l'Ukraine au sein de l'Union européenne était conditionnée au respect des minorités de Transcarpatie. D'après Budapest, l'enseignement du hongrois a été réduit dans cette région.
La mésentente entre Kiev et Budapest s’accentue. La Hongrie a en effet conditionné le 26 juin l’arrivée de l’Ukraine dans le groupe des 27 à la sécurité des minorités de Transcarpatie.
«Le rapport de la Commission de Venise indique clairement que l’Ukraine ne respecte pas actuellement les exigences européennes en matière de respect des droits des minorités nationales», stipule Peter Szijjarto.
La Commission de Venise, un groupe consultatif du Conseil de l’Europe qui apporte aux États des avis juridiques sur des projets de loi ou des lois déjà en vigueur, s’était inquiétée le 12 juin de la conformité à la Convention européenne des droits de l’homme des mesures adoptées par Kiev concernant les minorités nationales. Ainsi la Commission de Venise a-t-elle émis plusieurs «recommandations». Parmi celles-ci, l’élargissement du «droit de toute personne à organiser des événements dans une langue minoritaire» ou encore «supprimer l’obligation de fournir une traduction en ukrainien lors de manifestations publiques à la demande de visiteurs».
L’article 5 de cette loi adoptée en décembre 2022 pour entrer en conformité avec les normes de l’UE permettrait de garantir les droits sociaux, économiques, culturels et linguistiques des citoyens ukrainiens, qu’ils appartiennent ou non à des minorités nationales, et assurerait le droit d’utiliser leurs langues propres minoritaires et de préserver leur l’identité culturelle.
Or, d’après Peter Szijjarto, la situation en Transcarpatie à l’ouest de l’Ukraine n’a pas changé pour la minorité hongroise. Les lois ukrainiennes réduisent drastiquement la possibilité pour les minorités de s’instruire dans leur langue nationale. Budapest affirme en effet que les autorités ukrainiennes vont fermer 99 écoles de la minorité hongroise à partir de septembre 2023.
Inquiétudes pour 99 écoles en langue hongroise en Transcarpatie
Selon le ministre hongrois des Affaires étrangères, «à partir du 1er septembre, les écoles des minorités ne pourront plus fonctionner comme avant». «Les Ukrainiens disent que la décision a été reportée, ce n’est rien de plus que de la propagande» a-t-il accusé.
La Hongrie, qui entend défendre les intérêts de sa minorité en Transcarpatie, entretient de surcroît des relations compliquées avec Kiev depuis le début du conflit en février 2022, refusant de l’aider militairement et de s’aligner sur la politique occidentale de sanctions à l’encontre de Moscou.
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