France

Mort de Nahel : les violences s’accentuent autour de la capitale et à travers la France

Les violences se sont multipliées en France depuis la mort de Nahel, tué par balle à la suite d'un contrôle routier à Nanterre, ville du département des Hauts-de-Seine située à une quinzaine de kilomètres à l'ouest Paris.

Les autorités françaises espèrent voir les tensions s’apaiser jeudi avec une marche blanche en hommage à Nahel, au sortir de deux nuits de violences en réponse à la mort de l’adolescent de 17 ans, tué par un policier près de Paris après un refus d’obtempérer.

Les tensions sont allées crescendo dans la nuit du 28 au 29 juin en France, se propageant autour de la capitale mais aussi à d’autres grandes villes telles que Lyon (sud-est) ou Toulouse (sud-ouest).

Un total de 150 personnes ont été interpellées dans la nuit, a rapporté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, qui a dénoncé des violences «insupportables contre des symboles de la République». «Des mairies, écoles et commissariats» ont été «incendiés ou attaqués», a écrit le ministre sur son compte Twitter. «Honte à ceux qui n’ont pas appelé au calme», a-t-il ajouté.

La présence policière avait été largement renforcée dans la région. La situation a commencé à se tendre après 23H00 mercredi (21H00 GMT) à Nanterre, chef-lieu des Hauts-de-Seine déjà théâtre d’affrontements entre habitants et forces de l’ordre la veille.

Plus d’une dizaine de voitures et nombre de poubelles ont été incendiées et des barrières ont été placées sur la route, selon des journalistes de l’AFP sur place. L’opposition s’est poursuivie jusqu’au milieu de la nuit dans une cité de l’est, les forces de l’ordre répondant aux jets de pavés par des tirs de gaz lacrymogène.

Dans le même département, à Clamart, une rame de tramway a été incendiée et, dans l’Essonne, au sud de Paris, un groupe de personnes a mis le feu à un bus vidé de ses passagers vers 21H00 (19H00 GMT), selon des sources policières.

En Seine-Saint-Denis, département au nord-est de la capitale, de nombreuses dégradations ont été commises par des groupes d’émeutiers très mobiles.

Mort de Nahel : les violences s'accentuent autour de la capitale et à travers la France

Source: AFP Nanterre, Hauts-de-Seine, 28 juin 2023.

Une marche blanche pour rétablir le calme ?

La mère de Nahel a appelé à une marche blanche jeudi à 14H00 (12H00) devant la préfecture des Hauts-de-Seine. La mort de l’adolescent a suscité une forte émotion en France, du chef de l’Etat Emmanuel Macron au capitaine de l’équipe de France de football Kylian Mbappé.

Dans un premier temps, des sources policières avaient affirmé qu’un policier avait tiré lorsqu’un véhicule avait foncé sur deux motards de police mardi.

Mais selon une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et authentifiée par l’AFP, un des deux policiers tenait le conducteur en joue et a tiré à bout portant quand la voiture a redémarré. On y entend “tu vas te prendre une balle dans la tête», sans que l’on puisse identifier l’auteur de cette phrase. Atteint au thorax, Nahel M. est décédé peu après.

Mort de Nahel : les violences s'accentuent autour de la capitale et à travers la France

Source: AFP Pompier intervenant lors des émeutes du 28 juin.

«Les images choquantes (…) montrent une intervention qui n’est manifestement pas conforme aux règles d’engagement de nos forces de l’ordre», a estimé la Première ministre Elisabeth Borne, tandis que le président Macron a dénoncé un acte «inexplicable» et «inexcusable».

Les principaux syndicats de police ont fustigé les déclarations de l’exécutif, en mettant l’accent sur la «présomption d’innocence».

«Assez! Ces meurtres engagent l’autorité de l’Etat! Cette police doit être entièrement refondée, ses meurtriers punis», a tweeté le leader de La France insoumise (gauche radicale) Jean-Luc Mélenchon. 

Les représentants du Rassemblement National (extrême droite) Jordan Bardella et Sébastien Chenu ont invoqué une «tragédie» et demandé à respecter “le temps de l’enquête», ainsi que «la présomption d’innocence».

Cette affaire a relancé la controverse sur l’action des forces de l’ordre en France, où un nombre record de 13 décès a été enregistré en 2022 après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers. 

Le policier soupçonné du tir mortel, âgé de 38 ans, est interrogé par l’Inspection générale de la police nationale dans le cadre d’une enquête ouverte pour homicide volontaire. Sa garde à vue a été prolongée, a-t-on appris mercredi auprès du parquet de Nanterre. 

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