Le soutien du directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux à ses hommes, lui-même soutenu par le préfet de police de Paris Laurent Nunez, a suscité la colère d'une partie de la gauche et des syndicats de magistrats.
La mobilisation de la police marseillaise a provoqué une onde de choc remontant jusqu’à la place Beauvau. «Avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison», a déclaré le directeur général de la police nationale (DGPN) Frédéric Veaux, le 23 juillet, dans une interview au Parisien. «Je partage les propos du DGPN» a réagi, dans un tweet, le préfet de police de Paris Laurent Nunez, lui-même ancien préfet de police des Bouches-du-Rhône.
Je partage les propos du DGPN.
Fier d’avoir été préfet de Police des Bouches-du-Rhône et aujourd’hui à la tête des 30 000 policiers de Paris et de l’agglomération parisienne. https://t.co/vD0NZYDxmA— Laurent Nuñez (@NunezLaurent) July 23, 2023
Les déclarations des deux hauts fonctionnaires font suite à la mobilisation des policiers, et notamment du syndicat SGP Police FO, après la mise en examen de quatre policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) et la détention provisoire de l’un d’entre eux à Marseille. Le 21 juillet, la centrale syndicale a invité ses membres à pratiquer une sorte de grève du zèle. Sur leurs réseaux sociaux, les antennes régionales de la SGP Police indiquaient le code 562 en solidarité. Un code qui, dans une profession où la grève n’est pas autorisée, correspond à une «position d’attente-pause».
A ce débrayage, se sont ajoutés 400 arrêts-maladies pour la seule ville de Marseille. Dans leur mécontentement, les policiers ont pu compter sur le soutien de la majorité et de la droite. La coalition Nupes s’est, elle, divisée sur le sujet. Quant au président de la République, il s’est montré très mesuré.
Des soutiens politiques et hiérarchiques
Au soutien des deux hauts fonctionnaires, s’est ajouté ce 24 juillet l’appui politique de nombreuses personnalités. Le président de la région PACA Renaud Muselier (majorité présidentielle) a tenu a apporter son «soutien total aux forces de l’ordre» et à rappeler la présomption à laquelle ils ont droit. Eric Ciotti, président du parti Les Républicains a lui demandé «un soutien clair et sans ambiguïté» du président de la République pour les forces de l’ordre. Dans son intervention télévisée de mi-journée, Emmanuel Macron a déclaré «nul en République n’est au-dessus de la loi».
De nombreux élus locaux du Rassemblement national ont également soutenu les policiers, à l’instar du conseiller régional de la région Occitanie Olivier Monteil. Les députés RN se sont cependant montrés plus discrets, alors que la présidente de leur groupe Marine Le Pen s’est exprimée de manière très mesurée sur les réseaux sociaux, dénonçant un président qui dresserait «Justice contre Police et Police contre Justice».
La Nupes divisée
A gauche, La France insoumise, les écologistes et les socialistes ont produit un communiqué commun dans lequel ils réclament le «rétablissement de l’ordre républicain dans la police» et le «respect de l’Etat de droit». Un document que n’a pas signé le groupe communiste. Fabien Roussel, président du PCF, a certes dénoncé les déclarations du DGPN Veaux et du préfet de police Nunez mais son groupe ne s’est pas associé à la charge de la Nupes.
Moi aussi je veux aider.
Plutôt que de faire la chasse aux malades, je conseille à l’assurance-maladie de se pencher du côté des Bouches-du-Rhône, avec plusieurs centaines de policiers en faux arrêts maladie. De rien. https://t.co/n4F7GHR0Wa— Mathilde Panot (@MathildePanot) July 24, 2023
Les Insoumis se sont eux placés dans une attitude résolument offensive. «Les traîtres à la République sont donc bien au ministère», n’a ainsi pas hésité à déclarer le député de Haute-Garonne Hadrien Clouet. La présidente du groupe LFI à l’Assemblée Mathilde Panot a elle suggéré à l’assurance-maladie des Bouches-du-Rhône de contrôler les arrêts-maladies des policiers.
Soutenus par les socialistes, fidèles à la ligne de coalition d’Olivier Faure, et par les écologistes, les Insoumis font ainsi écho aux critiques des syndicats de magistrats qui ont condamné les prises de position du préfet de Paris et du DGPN. «Gravissime» a réagi dans un tweet le Syndicat de la magistrature (SM), qui dans un communiqué dénonce une remise en cause du principe d’égalité devant la loi. Des propos «gravissimes» et «scandaleux dans un état de droit» a fustigé pour sa part Cécile Mamelin, vice-présidente de l’Union syndicale des magistrats (USM).
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