Des milliers de soldats et policiers ont participé au transfert, dans une nouvelle prison de haute sécurité, du chef du plus puissant gang d'Equateur, accusé d'avoir menacé de mort Fernando Villavicencio, abattu trois jours plus tôt.
Environ 4 000 militaires et agents, lourdement armés, ont participé le 12 août à l’aube à une opération dans le Centre de privation de liberté numéro huit de Guayaquil (sud-ouest) où était détenu depuis 2011 Adolfo « Fito » Macias, chef de la redoutable organisation criminelle « Los Choneros ».
Des images diffusées par les forces de sécurité montrent un barbu corpulent, mains sur la tête, entouré par des agents, puis à terre, mains liées et en caleçon parmi des dizaines de prisonniers.
Le président équatorien Guillermo Lasso a ensuite annoncé sur X (anciennement Twitter) que « Fito avait été transféré à La Roca, une prison de sécurité maximale de 150 places, située dans le même complexe pénitentiaire, à Guayaquil. Selon les autorités, « Fito » et ses hommes contrôlaient au moins un bâtiment de la prison où il était détenu auparavant.
Le nom de « Fito » fait la Une de la presse en Equateur depuis la mort mercredi de Fernando Villavicencio, tué par balles. Le candidat centriste, âgé de 59 ans, était en deuxième position dans les sondages en vue des élections présidentielles prévues pour le 20 août.
Source: AFP Adolfo « Fito » Macias, chef de la redoutable organisation criminelle « Los Choneros »
Six ressortissants colombiens ont été arrêtés dans cette affaire, et un septième a été tué dans une fusillade avec les gardes du corps du candidat. Le politicien avait affirmé la semaine dernière que le chef du gang, condamné à 34 ans de prison pour assassinat et trafic de drogue, avait menacé de le tuer. Ancien journaliste et membre du Congrès, Villavicencio avait enquêté sur le narcotrafic dans son pays.
Les meurtres des narco-trafiquants sont nombreux
Les gangs de narco-trafiquants sont puissants dans les prisons du pays. Depuis 2021, plus de 430 détenus sont morts lors d’affrontements entre bandes rivales en prison, des dizaines d’entre eux ayant été démembrés et leurs corps brûlés.
Source: AFP Les forces armées ont aussi participé à l’opération.
Le parti centriste Construye a annoncé le 12 août que la colistière de Villavicencio, Andrea Gonzalez, sera sa candidate à la présidentielle. Celle-ci, une écologiste de 36 ans, était une alliée de longue date de Villavicencio. Elle s’est consacrée en particulier à la défense des océans et de la mangrove, à la lutte contre la déforestation et le trafic d’animaux sauvages.
Le colistier d’Andrea Gonzalez, candidat à la vice-présidence, sera annoncé ultérieurement et « il sera choisi parmi les plus fidèles de ceux qui ont partagé les combats du camarade Fernando Villavicencio, » a précisé le parti.
Dans des déclarations à la presse samedi à Quito, la veuve de Villavicencio, Veronica Sarauz, s’en est pris à l’Etat équatorien et aux partisans de l’ex-président Correa (2007-2017). « Il s’agit d’un crime d’État parce qu’il était sous la garde de l’État par l’intermédiaire de la police », a-t-elle dénoncé.
La veuve de Villavicencio craint pour sa vie et celle de ses enfants
« Je veux dire au Correisme que je sais que ce sont eux (…) celui qui vit en Belgique, tous sont responsables, si ce n’est directement, du moins indirectement, de la mort de mon mari ».
L’un des principaux faits d’armes de Fernando Villavicencio est d’avoir envoyé sur le banc des accusés Rafael Correa, grâce à l’une de ses enquêtes journalistiques. Correa, réfugié en Belgique, a été condamné par contumace à huit ans de prison dans cette affaire.
Source: AFP La veuve de Villavicencio, ici équipée d’un casque et d’un gilet pare-balles lors d’une conférence de presse, craint pour sa vie et celle de ses enfants.
La veille de son assassinat, Villavicencio avait déposé une plainte auprès du ministère public pour des irrégularités présumées dans la renégociation de contrats pétroliers sous l’administration Correa, avec un préjudice pour le pays d’environ 9 milliards de dollars.
Mme Sarauz, qui est apparue escortée par la police et portant un gilet pare-balles et un casque, a affirmé que sa vie et celle de ses trois enfants « sont également en danger ».
L’Equateur rend un dernier hommage au candidat Fernando Villavicencio, assassiné par balles