La journaliste néerlandaise Eva Hartog a dû quitter cette semaine la Fédération de Russie après s'être vu signifier par le ministère des Affaires étrangères le non renouvellement de son visa. Son employeur, le journal Politico Europe, s'en est ému.
«Compte tenu des campagnes d’intimidation envers les journalistes et médias russes menées par l’Union européenne et soutenues par les Pays Bas, ainsi que des contre-mesures russes, le non renouvellement du visa d’une citoyenne néerlandaise n’a rien d’étonnant», a estimé le 16 août Maria Zakharova dans un communiqué sur sa chaîne Telegram.
La journaliste Eva Hartog a été contrainte de quitter le territoire russe après le non renouvellement de son visa par les autorités. Dans un article, le rédacteur en chef de Politico Europe Jamil Anderlini s’est dit «attristé» par l’expulsion de la journaliste. Néanmoins, il a souligné que ces actions «n’entam[ai]ent en rien la détermination de Politico à couvrir l’actualité du gouvernement russe et de sa [sic] guerre en Ukraine. Nous espérons qu’Eva et Politico seront bientôt de retour à Moscou».
Née en 1988 d’une mère russe et d’un père néerlandais traducteur du russe, la journaliste travaillait à Moscou depuis 2013, tout d’abord comme relectrice puis comme rédactrice en chef au Moscow Times entre 2017 et 2019. Depuis 2019, elle écrivait pour le journal néerlandais De Groene Amsterdammer, et plus récemment comme correspondante pour Politico Europe.
Un nouvel épisode de la guerre médiatique
La porte-parole de la diplomatie russe a de son côté souligné les positions critiques de la journaliste à l’égard des autorités russes. En outre, elle a précisé qu’elle n’avait «jamais été accréditée par le ministère des Affaires étrangères pour Politico» et a cité une déclaration de la journaliste datant de mars 2022 où celle-ci faisait part de son souhait «de partir le plus loin possible de la Russie», ce qu’elle fit avant de revenir à la fin 2022.
Dans ses articles et messages sur les réseaux sociaux, Eva Hartog se faisait critique des décisions du pouvoir et de la justice russes, comme récemment lors de la condamnation d’Alexeï Navalny.
Le 23 juin, la Commission européenne a adopté un onzième paquet de sanctions. Celui-ci comporte notamment l’extension de la suspension des licences de radiodiffusion de cinq autres médias russes, à savoir RT Balkan, Oriental Review, les chaînes Tsargrad et Katékhon, ainsi que le journal en ligne Novoïé Vostochnoïé Obozrénié. Début 2022, la Commission avait déjà ciblé les chaînes RT et Sputnik.
Le 17 février dernier, suite à des plaintes de journalistes étrangers qui peinaient à obtenir leurs accréditations en Russie, la diplomate avait déclaré que «les journalistes étrangers bénéficiaient depuis des années d’un régime de faveur maximal». Et Maria Zakharova de lancer un avertissement : «S’ils ne font pas leur travail de manière professionnelle, ils ne travailleront pas. S’ils ont une activité ne correspondant pas à leur statut ou s’ils se montrent indélicats, méprisants envers notre pays et notre peuple, ils n’ont rien à faire ici.»
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