L’or a battu son record historique à plus de 2 100 dollars l’once. Un chiffre exceptionnel directement en lien avec les tensions géopolitiques ainsi qu'une possible baisse des taux directeurs aux États-Unis en 2024.
C’est un record établi lors de la crise sanitaire du Covid-19 qui a été battu ce 4 décembre : l’once d’or (environ 31 grammes) a atteint 2 135 dollars au début des échanges asiatiques, avant de retomber. En juillet 2020, l’once avait tout juste dépassé les 2 000 dollars, ce qui constituait alors déjà un événement.
Dans un contexte de guerre au Proche-Orient, les spécialistes des opérations de change ont accentué leurs opérations sur l’or, perçu comme une valeur sûre. Cette ruée vers l’or a provoqué une nette hausse du cours du métal précieux, qui avant l’attaque sanglante du Hamas début octobre tendait à repasser sous la barre des 1800 dollars l’once.
L’éclatement du conflit entre Kiev et Moscou avait fait monter le cours de l’or en février 2022, franchissant là encore la barre des 2 000 dollars, avant de rapidement redescendre les mois suivants.
Cependant, cet intérêt croissant pour l’or ne tient pas qu’aux aléas des relations internationales et s’inscrit également dans une perspective de crise économique aux États-Unis.
Tensions géopolitiques et baisse des taux aux États-Unis
L’année 2023 avait démarré en trombe pour le métal précieux suite à la faillite au printemps de plusieurs banques américaines. Des soubresauts du marché bancaire qui en Europe avaient provoqué la chute du géant helvète Credit Suisse.
Cette tendance à l’achat d’or a été récemment renforcée par la perspective de réduction des taux directeurs aux États-Unis au cours de l’année 2024. L’inflation ralentissant dans ce pays, à 3% sur un an en octobre, le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jérôme Powell, a déclaré le 1er décembre que les taux avaient «atteint un niveau suffisamment restrictif».
Une intervention qui a provoqué une légère dépréciation du dollar américain, monnaie dans laquelle est coté le marché de l’or, rendant le métal plus abordable pour les acheteurs internationaux munis d’autres devises. Or, depuis fin 2022, le billet vert ne cesse de lâcher du terrain face à des monnaies telles que l’euro, le franc suisse ou la livre sterling.
Une tendance qui pourrait s’accentuer avec la remise en cause de l’hégémonie du dollar dans les échanges mondiaux. Ces dernières années, de plus en plus de chefs d’Etat ont appelé à créer des alternatives à la monnaie américaine, utilisée par Washington comme levier de pression, notamment dans le cadre de ses sanctions extraterritoriales.
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