Irina Tati et Lena Trufanova, deux femmes russes libérées du Hamas, racontent leur détention à Gaza. Les deux anciennes détenues remercient Moscou et le président Vladimir Poutine pour leurs efforts de médiation pour la libération des otages. Elles espèrent que tous les autres détenus seront bientôt libérés.
Parmi les 110 otages libérés pendant la trêve entre le Hamas et l’armée israélienne du 24 au 30 novembre, plusieurs étaient de nationalité russe. Deux anciennes détenues ont accepté de nous parler de leur détention dans les geôles du mouvement islamiste.
Irina Tati, une femme âgée de 73 ans, nous livre un témoignage glaçant. Elle remercie tout d’abord les autorités russe et le président Poutine pour la médiation qui a permis sa libération. «J’ai été libérée […] uniquement grâce à l’aide du gouvernement russe», confie-t-elle très reconnaissante. Sur les conditions de sa détention, elle explique que c’était «très dur», surtout à son âge, avant de préciser qu’elle n’a pas été torturée par ses geôliers.
«Lorsqu’il y a une guerre, il n’y a pas de trêve, personne n’est relâché»
Libérée, elle n’en demeure pas moins inquiète pour son petit-fils toujours retenu dans l’enclave gazaouie. «Nous ne savons pas qui le détient», s’émeut-elle, ajoutant qu’elle aurait préféré que son petit-fils, Sasha Trufanov, ait été libéré à sa place. Elle en appelle même au gouvernement russe, et au président Poutine lui-même, «de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour sauver mon petit-fils». «C’est très dur là-bas», ajoute-t-elle.
Concernant la fin de la trêve et la reprise des hostilités, Irina Tati fait part de son inquiétude. «C’est très effrayant», confie-t-elle. «Lorsqu’il y a une guerre, il n’y a pas de trêve, personne n’est relâché.»
La fille d’Irina, la mère du jeune Sacha, était également entre les mains du Hamas, avant d’âtre libérée. Lors de son enlèvement, Lena Trufanova raconte qu’elle se trouvait à Nir Oz, un kibboutz du Neguev non loin de l’enclave gazaouie. «J’ai découvert que mon mari était parti, qu’il avait été tué, et que mon fils unique était retenu captif par le Hamas», rapporte-t-elle. Avant d’ajouter : «Je suis ici dans mon corps, je suis libre, mais mon cœur, mon cœur reste là-bas, dans la captivité du Hamas.»
Sans son fils, cette mère de famille ne vit plus. «J’attends juste qu’il revienne», témoigne-t-elle. Elle en appelle également aux autorités russes, notamment à Vladimir Poutine. «À tous ceux qui peuvent aider» à ramener son fils à la maison «ainsi que tous les citoyens russes qui sont en captivité».
Libération des autres détenus : «chaque minute qui passe, cet espoir s’amenuise»
Questionnée sur ses conditions de détention, Lena Trufanova explique que «c’est attendre chaque jour d’être libéré». Elle raconte que tous les jours on lui répondait «peut-être aujourd’hui», en soulignant que c’était «très dur physiquement» mais encore plus dur «mentalement». Concernant les autres détenus, elle martèle que «chaque minute est très importante pour les libérer». Avant d’ajouter : «Nous ne pouvons pas perdre de temps.»
Irina Tati ajoute un détail sur sa détention en expliquant la torture psychologique avec son lot de questionnements. «Vous ne pensez qu’à une seule chose : où sont vos proches ? Où sont les personnes que vous aimez ?», raconte-t-elle. La grand-mère de 73 ans nous raconte l’importance de penser à ses proches lors de sa détention. C’est «l’essentiel», nous livre-t-elle. Ses pensées sont monopolisées par les otages encore à Gaza. «Chaque minute qui passe, cet espoir s’amenuise. Aidez-nous, s’il vous plaît», supplie-t-elle.
Lena Trufanova, la mère du jeune Sacha, implore de «le sauver le plus vite possible». Attristée, elle déclare avec force que son fils «doit vivre. Il est très jeune, il a toute la vie devant lui». Depuis la fin de la trêve le 1er décembre, les combats font rage à Gaza. Les forces israéliennes encerclent Khan Younes, dans le sud de l’enclave.
En parallèle des négociations entre Israël et le Hamas, la diplomatie russe s’attèle à la libération de ses ressortissants retenus en otage par le mouvement palestinien.
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, suite à l’attaque sanglante du mouvement palestinien contre l’Etat hébreu, la Russie n’a cessé de prôner une approche équilibrée. Le Kremlin a condamné l’attaque du 7 octobre par le Hamas et régulièrement appelé à un cessez-le-feu, répétant qu’une paix durable au Proche-Orient passait par la création d’un Etat palestinien.
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