Dans une interview diffusée le 11 décembre, un haut diplomate russe a affirmé que des négociations auront forcément lieu sur la question ukrainienne. Selon une note des services de renseignement russes, l’avenir politique de Zelensky semble compromis.
«Des négociations auront nécessairement lieu, les affrontements se finiront forcément par des négociations», a déclaré le 11 décembre Rodion Mirochnik, ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères pour les crimes de Kiev, sur la chaîne biélorusse CTV.
«Mais il va de soi que nous ne négocierons pas avec des marionnettes», s’est-il empressé d’ajouter, tançant les dirigeants de Kiev : «De leur propre aveu, lorsque Boris Johnson est venu et a dit “nous ne discuterons pas”, ils se sont exécutés le doigt sur la couture du pantalon.» Rodion Mirochnik faisait là référence à une visite de l’ex-Premier ministre britannique à Kiev en avril 2022, quelques jours après des négociations de cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine à Istanbul. Boris Johnson avait enjoint Kiev à continuer la guerre au lieu d’accepter un statut de neutralité.
Et le diplomate russe de lancer : «Pensez-vous vraiment que l’on peut discuter avec ces gens-là ?»
La Russie se dit ouverte aux négociations
Déjà en décembre 2022, le chef de l’Etat indiquait que son pays n’avait jamais fermé la porte aux négociations. «Nous ne l’avons jamais refusé. Ce sont les dirigeants ukrainiens qui se sont interdits de mener des négociations», avait-il poursuivi. «Cela semble inhabituel, voire étrange. Toutefois, tôt ou tard, toutes les parties impliquées dans un conflit s’assoient autour d’une table pour trouver un accord», avait noté le président russe.
Kiev exclut en revanche de manière beaucoup plus catégorique des négociations. Dans une interview du 1er décembre accordée à Associated Press, le président ukrainien balayait encore une telle éventualité : «Certaines voix se font entendre» admettait-il, avant de se dire confiant, ne sentant «pas [de pression pour négocier]».
Début novembre, la chaîne NBC rapportait que des officiels américains et européens avaient évoqué avec Kiev la possibilité de négociations. Mais les obstacles
Autre obstacle à la voie diplomatique, la promulgation le 4 octobre 2022 par le président Zelensky d’un décret interdisant la conduite de négociations avec Moscou.
Le scepticisme grandit en Occident
Il faut dire que depuis l’échec de la contre-offensive ukrainienne, reconnu par le président Zelensky lui-même le 1er décembre à AP, estimant qu’elle n’avait «pas atteint les résultats escomptés», les Occidentaux se montrent plus circonspects et moins enclins à financer la guerre. À commencer par les Européens. En effet, ces derniers ne parvenaient pas à s’entendre sur le budget militaire alloué à l’Ukraine à la veille d’un Conseil européen décisif prévu les 14 et 15 décembre. Même prudence outre-Atlantique, où le Congrès n’a toujours pas réussi à voter une enveloppe de 61 milliards de dollars destinée à l’Ukraine.
C’est dans ce contexte délicat que le président ukrainien se rend le 12 décembre au Congrès américain. Reste que la configuration du conflit évolue. Selon certaines sources, Volodymyr Zelensky ferait désormais davantage partie du problème que de la solution.
Zelensky poussé vers la sortie ?
Les services de renseignement russes ont estimé le 11 décembre, dans une note où apparaissent les propos de leur directeur Sergueï Narychkine, que les chancelleries occidentales envisageraient de remplacer Zelensky. Selon le SVR, les principaux griefs qui lui sont faits seraient «son incapacité à battre la Russie comme il s’y était engagé, son impudence avec les dirigeants occidentaux, le népotisme et la corruption phénoménaux en Ukraine». Plus encore, c’est sa tendance inflexible et belliciste qui le disqualifierait comme possible interlocuteur lors de pourparlers sur un gel temporaire du conflit, et donc comme chef de la nation ukrainienne. Une enquête du Time en novembre dernier, citant des conseillers ukrainiens, avait aussi évoqué l’aveuglement quasi-messianique de Volodymyr Zelensky.
Les services russes citent plusieurs candidats potentiels à sa succession : le commandant en chef des forces armées ukrainiennes Valeri Zaloujni, le chef des services de renseignements Kirill Boudanov, le chef de cabinet présidentiel Andriy Yermak, l’ancien conseiller du président Oleksii Arestovych ou encore le maire de Kiev Vitali Klitschko.
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