Selon le Financial Times, les Européens réfléchiraient à un moyen de contourner l’opposition de Viktor Orbán à un plan d’aide européen de 50 milliards d’euros destinés à l’Ukraine. L’une des pistes envisagées serait de priver temporairement la Hongrie de son droit de vote au Conseil européen.
La Hongrie pourrait-elle se retrouver privée de voix au Conseil européen ? C’est l’une des pistes envisagées, à sept mois de la présidence hongroise de cette même institution, par des responsables européens cités dans une enquête du Financial Times, afin de contourner le blocage de Viktor Orbán à une aide européenne de 50 milliards d’euros destinée à l’Ukraine.
Le Premier ministre hongrois a en effet, dans la nuit du 14 au 15 décembre, mis son veto sur cette proposition du Conseil européen, quelques heures après s’être abstenu face à l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine au bloc européen. Une «performance en dent de scie» qui aurait pris «à contre-pied» les dirigeants européens, relate le Financial Time.
Selon ce dernier, de hauts responsables européens réfléchiraient à l’activation de l’article 7 du Traité de l’Union européenne (TUE) sur la violation de l’État de droit. Un article qui prévoit la suspension de certains droits d’un État membre au Conseil européen, «y compris les droits de vote». Possible avec l’unanimité du Conseil, à l’exception de l’État visé par la procédure, l’application des sanctions de cet article contre Budapest apparaîtrait aujourd’hui atteignable suite au changement de gouvernement en Pologne. Toutefois, de «nombreux pays sont nerveux à l’idée d’utiliser ce qui est essentiellement la plus grande arme de l’UE contre un État membre», relate le média britannique.
Toujours selon le Financial Times, des responsables européens auraient déclaré que la priorité serait de «persuader Orbán de céder».
Des fonds à l’Ukraine contre le dégel de ceux destinés à la Hongrie
Pour accepter le versement de 50 milliards d’euros à l’Ukraine, Viktor Orbán a exigé le versement à la Hongrie des 21 milliards d’euros qui lui sont destinés. Des fonds bloqués dans le cadre de différentes procédures, en raison des manquements à l’État de droit reproché à Budapest par Bruxelles, ce dont se défend la Hongrie. «J’ai toujours dit que si on procédait à un amendement du budget de l’UE […], la Hongrie saisirait l’occasion pour revendiquer clairement ce qu’elle mérite. Pas la moitié, pas un quart, mais la totalité», a déclaré le 15 décembre Viktor Orbán dans un entretien à la radio publique hongroise.
Le 13 décembre, la veille même du sommet européen, la Commission européenne avait débloqué 10 milliards d’euros de fonds gelés destinés à la Hongrie. Un calendrier qui avait valu à l’institution bruxelloise les critiques de députés européens. La Commission s’est refusée à faire tout lien avec les menaces hongroises de veto sur l’Ukraine, considérant que Budapest avait bien répondu aux exigences de réforme de son système judiciaire.
Depuis le début du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine en février 2022, la Hongrie refuse d’aider militairement Kiev. Bien qu’approuvant jusque-là les sanctions de l’UE, Budapest a adopté une posture hostile aux sanctions à l’encontre de Moscou, privilégiant la voie diplomatique. Ce positionnement vaut à la Hongrie de nombreuses pressions de la part de ses partenaires occidentaux.
La Commission recommande le gel de fonds européens destinés à la Hongrie