Londres se dit prêt «à prendre des actions directes» contre les Houthis, et s'en est pris à l'Iran pour «son soutien de longue date» aux rebelles yéménites. Téhéran a en retour fustigé le double standard occidental, qui juge plus dramatique l'arrêt d'un navire en mer Rouge que les frappes sur Gaza.
Il n’a pas fallu longtemps pour que le Royaume-Uni emboîte le pas des États-Unis. Londres se dit «prêt à prendre des actions directes» contre les rebelles Houthis du Yémen, qui multiplient les attaques en mer Rouge contre des navires marchands, a écrit le ministre de la Défense britannique Grant Shapps, dans le Daily Telegraph, le 1er janvier.
«Nous n’hésiterons pas à prendre des mesures supplémentaires contre les menaces à la liberté de navigation en mer Rouge», poursuit-il, rappelant que le HMS Diamond, présent dans la zone, a déjà abattu un drone d’attaque ciblant la navigation commerciale. Les attaques des rebelles constituent «un test pour la communauté internationale», affirme Grant Shapps.
Depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, les Houthis ont multiplié les attaques en mer Rouge contre des navires qu’ils estiment «liés à Israël», en solidarité avec le territoire palestinien bombardé et assiégé par l’armée israélienne.
Le Times avait déjà évoqué dans un article publié le 31 décembre que la Grande-Bretagne envisageait de se joindre à une campagne militaire menée par les États-Unis contre les Houthis. Selon une gouvernementale britannique, Londres, Washington et un troisième pays européen pourraient lancer des frappes coordonnées contre les bases houthis au Yémen. La mesure prise sera «limitée» mais «significative». Toujours selon le Times, se référant à ses sources au sein de la défense britannique, «les frappes coordonnées pourraient impliquer pour la première fois des avions de combat de la RAF ou [le destroyer] HMS Diamond».
L’Iran plaide pour «une approche constructive des développements régionaux»
Le même jour, le chef de la diplomatie anglaise David Cameron s’est entretenu au téléphone avec son homologue iranien Hossein Amir Abdollahian. Dans un message publié sur X, le ministre britannique des Affaires étrangères rapporte les paroles du ministre iranien : «l’Iran partage la responsabilité de la prévention de ces attaques, compte tenu de son soutien de longue date aux Houthis». Il estime que les opérations des rebelles houthis, alliés de l’Iran, «menacent des vies innocentes et l’économie mondiale».
Le ministère iranien des Affaires étrangères condamne «le silence de certains gouvernements occidentaux sur les crimes du régime israélien contre les Palestiniens», ayant conduit au «martyr de 21 000 civils à Gaza au cours des 80 derniers jours». Hossein Amir Abdollahian a regretté le double standard occidental : «le régime israélien ne peut pas être autorisé à commettre des massacres de femmes et d’enfants, ni à perpétrer un génocide à Gaza et à enflammer la région, tout en considérant l’arrêt d’un navire sioniste dans la mer Rouge comme une menace pour la sécurité de cette voie navigable économique vitale».
Téhéran a déclaré espérer «que la Grande-Bretagne contribuera à améliorer l’atmosphère des relations en adoptant une approche réaliste et constructive des développements régionaux».
Dix Houthis tués par les Américains
Dans la même journée du 31 décembre, les États-Unis ont abattu trois navires houthis qui menaient une opération contre un cargo danois en mer rouge.
Le Centcom, le commandement central américain, a détaillé l’opération dans la matinée du 31 décembre. Après avoir reçu un deuxième appel «de détresse en moins de 24 heures» signalant que le cargo Maersk Hangzhou «était attaqué par quatre petits bateaux houthis soutenus par l’Iran», «les hélicoptères américains de l’USS Eisenhower (CVN 69) et Gravely (DDG 107)» sont venus sur place.
Le porte-parole des rebelles yéménites, Yahya Saree, a indiqué sur X que dix de leurs membres avaint été tués dans «une attaque des forces de l’ennemi américain sur trois bateaux des forces navales yéménites», tout en réaffirmant que les opérations houthis continueraient et qu’ils étaient prêts à «faire face à toute agression».
Le communiqué américain affirme que les rebelles houthis ont d’abord tiré sur le navire, tout en tentant de monter à bord, avant de tirer «avec des armes à feu et des armes légères» sur l’équipage américain. «Les hélicoptères de la marine américaine en état de légitime défense, ont riposté en coulant trois des quatre petites embarcations et tuant les équipages», a indiqué le Centcom, tout en précisant que le quatrième navire avait pris la fuite.
Depuis le 18 décembre dernier, les Américains ont rassemblé une coalition visant à empêcher les attaques des Houthis contre les navires commerciaux empruntant la mer Rouge. Cette force maritime comprend 20 pays, mais de nombreux membres ne font que de la figuration, n’envoyant que des officiers sans bâtiment de guerre.
Cette voie commerciale représente près de 40% du trafic maritime international. Depuis le début des attaques des Houthis contre des cargos, le port d’Eilat a vu ses activités chuter de 85%, a rapporté un article de Reuters datant du 21 décembre. Une autre installation portuaire israélienne à Ashdod a également été durement impactée par les opérations des rebelles yéménites en mer Rouge.
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