Après avoir perdu deux de ses membres, le parti chiite a visé plusieurs positions de Tsahal, affirmant avoir fait des victimes. L'agressivité grandissante de l'Etat hébreu est dénoncée au Liban.
Moins intense que la guerre à Gaza, le conflit qui oppose l’armée israélienne au Hezbollah n’en reste pas moins quasi-quotidien. Après avoir perdu deux nouveaux combattants dans une frappe israélienne à Kafra et à Taybeh au Sud-Liban le 21 janvier, le parti chiite a répliqué en ciblant plusieurs positions de Tsahal le lendemain.
La milice chiite libanaise a en effet annoncé sur son site Al-Manar avoir frappé «un rassemblement de soldats ennemis israéliens à proximité du site de Raheb», ainsi que «la caserne de Zarit», tout en affirmant avoir fait des victimes dans les rangs de l’armée israélienne.
Israël, de plus en plus menaçant au Liban ?
Ces opérations contre des positions de Tsahal interviennent au lendemain de la mort de deux combattants du Hezbollah. Sameh Asaad a été tué alors qu’il se trouvait à proximité de la voiture qui avait été visée par une frappe israélienne, nous apprend le quotidien libanais L’Orient le jour. D’ailleurs, selon cette même source, un haut commandant du parti chiite avait été pris pour cible. Il s’agissait de Fadi Sleiman, responsable du secteur central du Liban-Sud. La frappe israélienne a également tué une femme et blessé plusieurs membres de la Défense civile des Scouts de la mission islamique, toujours selon la même source.
Le 20 janvier, c’est le village natal de Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, qui a été pris pour cible. Une frappe de drone sur la petite localité de Bazouriyé a fait deux victimes.
Dans un article du 22 janvier, L’Orient Le Jour accuse d’ailleurs Israël de se montrer «de plus en plus agressif au Liban». Dans ce papier, le journaliste Mounir Rabih fait état de l’augmentation des assassinats ciblés, reprochant à Tsahal de chercher à provoquer une réaction de l’Iran et de ses alliés.
Dans cette nouvelle phase de la guerre, Israël a tué le numéro deux du Hamas le 2 janvier dernier dans le sud de Beyrouth, a assassiné un haut commandant du Hezbollah le 8 janvier et a dernièrement ciblé plusieurs membres des Gardiens de la Révolution à Damas.
Un avis partagé semble-t-il par l’armée française, selon le reporter du Figaro, Georges Malbrunot. Selon un haut-gradé français cité par le journaliste, «le risque d’embrasement vient d’Israël». «En face, le Hezbollah est dans une posture moins escalatoire, comme le soulignent les discours de son chef Hassan Nasrallah», a ajouté l’interlocuteur de Malbrunot.
Confidence d'un haut-gradé français au Ministère des Armées: "Notre analyse aujourd'hui est qu'au Liban, le risque d'embrasement vient d'Israël. En face, le Hezbollah est dans une posture moins escalatoire, comme le soulignent les discours de son chef Hassan Nasrallah". pic.twitter.com/i9ycMFJbYz
— Georges Malbrunot (@Malbrunot) January 22, 2024
D’ailleurs, Beyrouth a refusé les exigences sécuritaires voulues par Israël. Le chef du Parlement libanais Nabih Berry a fait savoir que le Liban ne devait pas «se laisser entraîner» dans une guerre qui suit le «timing» voulu par Israël. Aussi a-t-il affirmé que «les propositions qu’Israël veut promouvoir concernant des arrangements dans la zone frontalière, et qui sont dans son intérêt (comme le retrait du Hezbollah vers le nord jusqu’au Litani), sont rejetées par le Liban».
En décembre dernier, Newsweek et le Times avaient rapporté qu’Israël faisait pression auprès des chancelleries occidentales pour que le Hezbollah s’éloigne de la frontière israélo-libanaise, et qu’une intervention militaire était alors envisagée pour faire reculer le mouvement chiite de 40km.
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