Riyad a tenu à mettre les choses au clair après les propos de John Kirby sur une normalisation avec l'État hébreu. L'Arabie saoudite exige un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale et le retrait des forces israéliennes de Gaza.
Alors que le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, avait déclaré le 6 février que les discussions entre l’Arabie saoudite et Israël étaient «positives» concernant une probable normalisation des relations bilatérales, Riyad a tenu à apporter quelques précisions.
«La position du Royaume d’Arabie saoudite a toujours été ferme sur la question palestinienne et sur la nécessité pour le peuple palestinien frère d’obtenir ses droits légitimes», a précisé le royaume saoudien quelques heures après la déclaration américaine dans un communiqué. Le texte de la diplomatie saoudienne répond nommément aux propos du «porte-parole du [Conseil] de sécurité nationale des États-Unis», à savoir John Kirby.
Riyad précise qu’il n’y aura pas «de relations diplomatiques avec Israël à moins qu’un État palestinien indépendant ne soit reconnu sur les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale», ajoutant qu’une normalisation serait inenvisageable sans cessez-le-feu et que «toutes les forces d’occupation israéliennes» devraient se retirer de la bande de Gaza.
Alors que l’Arabie saoudite restait évasive sur les conditions d’un accord avec l’État hébreu, ce communiqué apporte plusieurs détails, notamment sur la nécessité d’une État palestinien selon les frontières d’avant 1967. Un positionnement aux antipodes de celui de Benjamin Netanyahou, qui refuse catégoriquement la solution à deux États.
Selon un sondage, 96% des Saoudiens refusent une normalisation avec l’État hébreu
À ce propos, le communiqué «réitère son appel aux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU qui n’ont pas encore reconnu l’État palestinien à accélérer la reconnaissance de l’État palestinien sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, afin que le peuple palestinien puisse obtenir leurs droits légitimes et pour qu’une paix globale et juste soit réalisée pour tous».
Le communiqué intervient également deux jours après la visite d’Antony Blinken à Riyad. Le chef de la diplomatie américaine avait alors rencontré le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane.
Les déclarations optimistes de la diplomatie américaine circulent depuis plusieurs semaines. Lors de son passage en Israël le 9 janvier dernier, le secrétaire d’État Antony Blinken avait signalé à ses interlocuteurs que l’Arabie saoudite était prête à normaliser ses relations après la fin de la guerre à Gaza, mais exigeait en retour un engagement de la part du gouvernement israélien sur le principe d’une solution à deux États, selon le média Axios.
En discussion avant l’attaque du Hamas du 7 octobre, un accord avec Riyad aurait alors été synonyme de victoire diplomatique pour les États-Unis et Israël, notamment face à l’Iran.
Reste que la normalisation de l’État hébreu demeure problématique dans la société civile saoudienne. En effet, selon un sondage du Washington Institute for Near East Policy publié en décembre dernier, 96% des Saoudiens sont favorables à une rupture complète des relations économiques et diplomatiques avec Israël.
Les pays arabes envisagent la création d’un État palestinien contre une normalisation d’Israël