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Proche-Orient : un premier bateau chargé de vivres est arrivé à Gaza

Le premier bateau, amenant de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza via un couloir maritime ouvert depuis Chypre, est arrivé ce 15 mars à Gaza où il commencé à décharger sa cargaison de 200 tonnes de vivres.

Aide humanitaire larguée sur Gaza le 10 mars (image d'illustration).

Gaza : le ramadan débute sans trêve en vue, la population attend désespérément de l’aide

Un premier bateau transportant des vivres pour la population de Gaza affamée par plus de cinq mois de guerre est arrivé ce 15 mars sur la côte du territoire palestinien, au moment où le Hamas semble avoir infléchi sa position en vue d’une trêve.

 Le mouvement palestinien, qui exigeait jusqu’ici d’Israël un cessez-le-feu définitif avant tout accord sur une libération des otages retenus à Gaza, s’est dit prêt ce 15 mars à une trêve de six semaines associée à un échange d’otages contre des prisonniers palestiniens. Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ensuite annoncé qu’une délégation israélienne allait se rendre au Qatar dans le cadre des négociations autour de cet échange, sans préciser quand.

Pendant ce temps, un premier bateau de l’ONG espagnole Open Arms, remorquant une barge chargée de 200 tonnes de vivres, est arrivé au large de Gaza-ville (nord), selon des images de l’AFP. Au matin, des habitants scrutaient au loin le bateau depuis le littoral de la Méditerranée.

«Je veux de l’aide pour mes enfants. Je veux qu’ils vivent et ne meurent pas de faim», a raconté à l’AFP l’un d’eux, Abou Issa Ibrahim Filfil.

Les Nations unies redoutent une famine généralisée dans le territoire palestinien, notamment dans le nord. Le Hamas a accusé l’armée israélienne d’avoir une nouvelle fois ouvert le feu le 14 mars au soir avec «des chars et des hélicoptères» sur une foule qui attendait une distribution de farine à l’entrée de Gaza-ville.

Au moins 20 personnes tuées près d’un point de distribution d’aide

L’armée a rejeté ces accusations et affirmé que c’était des «Palestiniens armés» qui avaient tiré sur la foule. Ces tirs ont fait 20 morts et 155 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas. «Il y a eu des tirs directs des forces d’occupation sur des gens rassemblés au rond-point Koweït pour attendre l’arrivée de camions avec de la nourriture», a raconté à l’AFP le docteur Mohammed Ghurab, directeur des services d’urgence de l’hôpital al-Chifa.

Une course contre la montre est engagée pendant ce temps pour tenter d’acheminer davantage d’aide humanitaire. L’aide arrive principalement depuis l’Égypte via Rafah, dans le sud, après avoir été inspectée par Israël, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza.

Face à l’urgence humanitaire, plusieurs pays ont commencé à organiser des parachutages ou un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d’approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.

Parti de Chypre le 12 mars, le bateau d’Open Arms transporte 300 000 repas préparés par l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK). Une équipe de WCK déjà présente à Gaza a construit une jetée flottante où les cargaisons étaient en train d’être déchargées en fin d’après-midi, selon une porte-parole de l’ONG. 

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1 160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de sources officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 32 seraient mortes. En représailles, Israël a promis d’anéantir le mouvement islamiste qu’il considère comme une organisation terroriste, comme les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 31 490 morts dans la bande de Gaza, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas qui a dénombré vendredi 149 morts en 24 heures.

Ramadan : prières au milieu des ruines

Des dizaines de frappes ont visé le territoire ce 15 mars, notamment Gaza-Ville, Khan Younès (sud) et le centre, selon le Hamas. La guerre a aussi envenimé les tensions dans les Territoires palestiniens occupés, où les fidèles musulmans ont participé à la première grande prière depuis le début du ramadan le 11 mars.

À Jérusalem, des dizaines de milliers de fidèles se sont réunis sans incident sur l’esplanade des Mosquées, sous haute surveillance policière, pendant qu’à Gaza, des habitants se rassemblaient pour prier au milieu des ruines. «Nous nous rassemblons sur les décombres de notre mosquée détruite. Cette année, le ramadan est complètement différent à cause de tous les martyrs et des nombreux blessés, et du manque de nourriture», a témoigné Baker Abou Ghiran, un déplacé à Rafah.

Face à l’intransigeance des deux camps, les médiateurs américains, égyptiens et qataris n’ont pas réussi à arracher un accord de trêve comme ils l’espéraient avant le ramadan.

Le Hamas semble néanmoins avoir infléchi sa position. Un de ses responsables a annoncé ce 15 mars à l’AFP que le mouvement était désormais prêt à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages, femmes, enfants, personnes âgées et malades pourraient être libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens. 

Netanyahou, un «obstacle pour la paix» estime le chef démocrate au Sénat

Durant cette éventuelle trêve, le mouvement islamiste exige le «retrait de l’armée de toutes les villes et zones peuplées», le «retour des déplacés sans restrictions» et l’entrée d’au moins 500 camions d’aide humanitaire par jour à Gaza, selon ce responsable. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a pour sa part déclaré que les pays médiateurs travaillaient «d’arrache-pied pour combler le fossé restant» en vue d’un accord sur les otages et un cessez-le-feu.

La veille, Chuck Schumer, le chef de file des démocrates au Sénat américain avait appelé à des élections en Israël, qualifiant le Premier ministre israélien d’«obstacle pour la paix», une nouvelle illustration du changement de ton de Washington à l’égard de Benjamin Netanyahu. 

Le parti de M. Netanyahu, le Likoud, a fustigé les propos de Chuck Schumer, assurant que la politique du Premier ministre était «soutenue par la grande majorité de la population» israélienne. «Israël n’est pas une république bananière», a-t-il lancé.

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