Emmanuel Macron a reçu le 16 avril l'ambassadrice de France en Azerbaïdjan. Le Quai d’Orsay a indiqué que la rencontre avait eu lieu «en raison de la poursuite au cours des derniers mois» par ce pays d'«actions unilatérales dommageables pour la relation» entre Paris et Bakou. L'Azerbaïdjan fustige les «activités destructrices» de la France.
«La France a décidé de convoquer son ambassadeur en Azerbaïdjan pour des consultations en raison de la poursuite des actions à Bakou ces derniers mois, préjudiciables aux relations bilatérales», indique dans un communiqué le ministère français des Affaires étrangères, ce 17 avril.
Emmanuel Macron a «regretté les actions de l’Azerbaïdjan et exprimé le souhait d’une clarification par la partie azerbaïdjanaise de ses intentions».
Les tensions se sont accumulées entre Paris et Bakou depuis la reconquête en septembre dernier du Haut-Karabagh par les troupes azerbaïdjanaises, le président Ilham Aliev reprochant à la France de soutenir l’Arménie. La France, terre d’accueil d’une importante diaspora arménienne, s’est dite prête à participer aux efforts de médiation, tout en affichant son soutien sans faille à l’Arménie.
«La France rappelle son soutien à la normalisation des relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, dans le respect du droit international et de l’intégrité territoriale des deux pays. Cette normalisation bénéficiera aux deux pays et à l’ensemble de la région», a fait valoir le Quai d’Orsay dans son communiqué.
Bakou fustige les actions de la France qui «ne servent pas la paix»
Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a dénoncé en retour «les menaces» et «les pressions» de Paris, ajoutant que le pays «prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger ses intérêts nationaux». «Les démarches et les déclarations officielles de notre pays à l’égard de la France n’ont été qu’une réponse aux activités destructrices de ce pays», a poursuivi le ministère, dénonçant «une campagne de diffamation».
«Il est évident que les actions de la France, qui arme massivement l’Arménie et encourage le militarisme dans la région, ne servent pas la paix», a enfin dénoncé la diplomatie azerbaïdjanaise.
Derrière les déclarations de normalisation, Paris équipe militairement Erevan
L’aide militaire de Paris à Erevan a en effet irrité Bakou. Dès le mois d’octobre 2023, Paris a en effet annoncé avoir donné son accord pour la livraison de matériel militaire à l’Arménie. Trois radars Thales GM200 et des systèmes anti-aériens Mistral étaient vendus dans la foulée et en novembre, 24 blindés légers Bastion d’Arquus étaient livrés à Erevan, alors que 50 blindés VAB Mk3 du même industriel ou 26 autres Bastion seraient en cours de livraison, selon différentes sources. La livraison de canons Caesar a aussi été évoquée par le ministre français des Armées Sébastien Lecornu à l’automne, même si l’aide à Kiev a sans doute depuis été priorisée.
En février, Ilham Aliev a dénoncé les «insinuations» d’Emmanuel Macron à l’encontre de son pays, accusant les dirigeants français et européens de «diaboliser» l’Azerbaïdjan et de pousser l’Arménie vers un nouveau conflit.
En janvier, l’ambassadrice azerbaïdjanaise à Paris, Leyla Abdullayeva, a rapporté que les autorités azerbaïdjanaises avaient arrêté un citoyen français pour espionnage. Le ministère français des Affaires étrangères a rejeté les accusations d’ingérence dans les affaires intérieures de Bakou après que Paris a exigé la libération du détenu.
En décembre dernier, deux employés de l’ambassade de France à Bakou ont été déclarés persona non grata et invités à quitter l’Azerbaïdjan dans les 48 heures. La France, en réponse aux actions de l’Azerbaïdjan, a dans la foulée expulsé deux employés de l’ambassade d’Azerbaïdjan à Paris. La diplomatie azerbaïdjanaise avait alors déclaré que ses services spéciaux disposaient de preuves confirmant les infractions des diplomates français sur le territoire de l’Azerbaïdjan, tandis que Paris ne disposait pas de preuves similaires concernant les diplomates azerbaïdjanais expulsés de France.
L’Azerbaïdjan expulse deux diplomates français, dénonçant des activités «incompatibles avec leur statut»