La tension monte dans la capitale géorgienne, après le vote du Parlement en faveur d’un projet de loi sur l’influence étrangère, déjà à l’origine de manifestations au printemps 2023. Un correspondant de RT International, venu couvrir les manifestations, a été interpellé le 16 avril à l’aéroport et expulsé du pays.
Nouvel épisode de tensions, à Tbilissi, sur fond de loi «sur la transparence de l’influence étrangère». Devant le Parlement, la tension est de nouveau montée le 16 avril au soir où les manifestants pro-européens ont jeté divers projectiles sur les forces de l’ordre. Ces dernières ont répliqué en utilisant des gaz lacrymogènes. Selon le ministère géorgien de l’Intérieur, 11 personnes ont été interpellées.
Interpellé également, mais avant même son entrée sur le territoire géorgien, un correspondant de RT International venu couvrir les événements. Donald Courter s’est vu confisquer son passeport à l’aéroport international de Tbilissi, les autorités géorgiennes affirmant que ses documents n’avaient pas été reconnus par leur système. Après quatre heures de détention, le journaliste russo-américain a été expulsé vers Moscou.
Le 15 avril, des manifestants avaient déjà tenté de bloquer l’accès au Parlement, sa commission des affaires juridiques venant d’adopter en première lecture le projet de loi sur les agents étrangers, ouvrant ainsi la voie à son adoption en chambre plénière. Les forces de l’ordre avaient alors utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau. Dans l’hémicycle, une bagarre générale avait éclaté après qu’un député d’opposition s’en soit physiquement pris au chef de la majorité, le frappant à la tête alors qu’il s’exprimait devant ses pairs.
Lors d’un vote boycotté par l’opposition, le parti du Rêve géorgien, au pouvoir, a voté ce 17 avril à 83 voix contre zéro en faveur de cette loi, qui, selon les manifestants, est «liberticide» et pourrait menacer le rapprochement de la Géorgie avec l’Union européenne.
Bruxelles exige l’abandon du texte
Cette loi vise à obliger les médias et ONG recevant plus de 20% de leur financement de l’étranger à s’enregistrer comme étant sous influence étrangère. Les critiques du projet de loi l’ont qualifié de «loi russe», affirmant qu’il s’inspirait de la législation adoptée par Moscou en 2012. Rêve géorgien, le parti au pouvoir, a pour sa part insisté sur le fait qu’il s’inspirait de la loi américaine sur l’enregistrement des agents étrangers de 1938, dans une version bien moins stricte.
Le projet de loi sur les agents étrangers en Géorgie «ne peut être qualifié de russe», a déclaré ce 17 avril Dmitri Peskov. Les pays dans leur ensemble font tout pour se protéger de l’influence étrangère sur la politique intérieure, a ajouté le porte-parole de la présidence russe. Ce sont les États-Unis «qui ont introduit cette pratique», a-t-il ajouté. L’Union européenne a quant à elle demandé l’abandon du texte, estimant qu’il allait à l’encontre du programme de réformes que Tbilissi devait entreprendre pour rejoindre à terme le bloc européen.
Au printemps 2023, des manifestations qui avaient tournées à l’émeute avaient déjà eu lieu, poussant Rêve géorgien à retirer le texte.
Géorgie : violences lors de manifestations contre une loi sur les financements étrangers des ONG