Lors d’une visite en Lettonie le 6 mai, le chancelier allemand a soutenu la proposition de Josep Borrell d’utiliser les intérêts des avoirs russes gelés en Europe afin d’armer l’Ukraine. Moscou a d’ores et déjà prévenu que des mesures de représailles seraient prises.
Les intérêts générés par les avoirs russes gelés par l’UE devraient être consacrés à l’armement de l’Ukraine, a déclaré le 6 mai le chancelier allemand Olaf Scholz. «Il est important que nous convenions également que cet argent puisse être utilisé pour des achats d’armes non seulement dans l’UE, mais aussi dans le monde entier», a déclaré Olaf Scholz à Riga, lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion avec les chefs des gouvernements des trois pays baltes.
Le chancelier allemand a ainsi soutenu une proposition du chef de la diplomatie européenne sur la manière dont une partie de l’argent russe devrait être alloué au soutien à l’Ukraine. Le 19 mars, à l’ouverture d’un Conseil européen, Josep Borrell avait présenté un plan afin d’utiliser les «3 milliards d’euros» d’intérêts annuels des avoirs russes gelés au sein d’Euroclear, 90% d’entre eux devant être alloués à la Facilité européenne pour la paix (FEP), qui finance notamment l’envoi d’armes à l’Ukraine et la formation de ses soldats, les 10% restants pouvant être versés au budget de l’UE afin de «renforcer les capacités de l’industrie de défense ukrainienne».
La quasi-totalité des près de 200 milliards d’euros d’avoirs russes gelés au sein de l’Union européenne (plus de 95%) sont placés auprès de l’organisme de dépôts de fonds Euroclear Bank, basé à Bruxelles. L’idée de les confisquer au profit de l’Ukraine avait été poussée fin 2023 auprès des pays du G7 par Washington, alors qu’une enveloppe de 61 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire demeurait bloquée au Congrès des États-Unis.
Craintes pour les marchés financiers
Suite aux craintes soulevées par des organismes financiers tels que le FMI, la Banque centrale européenne et plusieurs ministres des Finances du G20 du précédent qu’une telle saisie créerait sur les marchés financiers, les responsables du G7 auraient pour l’heure écarté l’idée de faire main basse sur ces fonds souverains russes, révélait le 3 mai le Financial Times.
Concernant leurs intérêts, en revanche, les Vingt-Sept s’étaient entendus fin janvier sur leur allocation au «soutien de la reconstruction» de l’Ukraine. Deux semaines plus tard, le Conseil européen adoptait un texte imposant aux institutions financières détenant plus de 1 million d’euros d’actifs de la Banque de Russie d’enregistrer les bénéfices de ces sommes sur des comptes séparés, leur interdisant de les utiliser.
À Moscou, les autorités ont averti, à de multiples reprises, qu’elles adopteraient des mesures miroirs en représailles à toute confiscation d’actifs russes.
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