Après la découverte de cadavres de civils dans la ville ukrainienne, les candidats à la présidentielle ont unanimement condamné Moscou, sans attendre une quelconque enquête et ce alors que la Russie maintient ne pas être responsable de ces exactions.
La question de la responsabilité d’un massacre de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha a fait réagir la classe politique française, qui a clamé à l’unisson sa condamnation de ces actes, estimant que la Russie en était responsable. Pourtant, aucune enquête n’a pour l’heure établi la responsabilité de Moscou, qui pointe de son côté une «provocation» de Kiev.
Pour Macron, il est «à peu près établi que c’est l’armée russe»
Le président de la République Emmanuel Macron, à l’instar des dirigeants allemand et britannique, a évoqué dès le 3 avril des images «insoutenables» et affirmé sur Twitter que «les autorités russes devront répondre de ces crimes». Interviewé sur France Inter le 4 avril, il a cependant été moins affirmatif quant aux auteurs des exactions : évoquant des «indices très clairs de crimes de guerre», il a ajouté qu’il était selon lui «à peu près établi que c’est l’armée russe».
.@EmmanuelMacron : "Les scènes vues à Boutcha sont insoutenables. Il est clair qu'il y a des indices très clairs de crimes de guerre. La justice internationale doit passer, celles et ceux qui ont été à l'origine de ces crimes devront en répondre." #le79Inter#Elysée2022pic.twitter.com/CJLTEMozFt
— France Inter (@franceinter) April 4, 2022
Les oppositions se sont jointes à cette condamnation par le chef de l’Etat : selon la candidate du Rassemblement national Marine Le Pen, il revient à l’ONU d’établir les responsabilités dans ce dossier, tandis que «la Russie, comme tout autre pays, ne devrait réintégrer le concert des nations sans que soient punis les coupables de crimes de guerre établis par la communauté internationale».
Les révélations sur les atrocités commises à Boutcha imposent que l’ONU établisse les responsabilités.
La Russie, comme tout autre pays, ne devrait réintégrer le concert des nations sans que soient punis les coupables de crimes de guerre établis par la communauté internationale.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) April 3, 2022
Son concurrent à droite, Eric Zemmour, a adopté une position similaire. Selon le candidat de Reconquête !, «les images de la ville de Boutcha révèlent au monde entier des atrocités commises par l’armée russe sur les populations civiles», et une enquête doit être menée en vue de punir les responsables.
Les images de la ville de Boutcha révèlent au monde entier des atrocités commises par l'armée russe sur les populations civiles. Nous ne pouvons rester insensibles à ces images.
Ces crimes de guerre doivent faire l'objet d'une enquête pour punir les responsables.— Eric Zemmour (@ZemmourEric) April 3, 2022
Le candidat des Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, n’a pas été en reste dans ces condamnations, en qualifiant de «pure sauvagerie meurtrière» les crimes dont est accusée l’armée russe. «Ni oubli ni pardon», a-t-il ajouté.
Les crimes de l'armée russe contre les Ukrainiens de #Boutcha sont une pure sauvagerie meurtrière. Les responsables russes doivent en répondre. Ni oubli ni pardon.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 3, 2022
Interviewé sur LCI le 4 avril, le candidat communiste Fabien Roussel a estimé, «face à ces horreurs et ces actes de torture», que «le plus important, c’est que ces faits soient réellement établis par la Cour pénale internationale», afin de pouvoir sanctionner les responsables.
Toujours à gauche de l’échiquier politique, l’écologiste Yannick Jadot a évoqué «l’horreur à Boutcha» et réaffirmé que «[Vladimir] Poutine est un dictateur et un criminel de guerre». «L’embargo s’impose pour que cessent les atrocités», a-t-il complété, en référence aux discussions menées au niveau européen au sujet d’un éventuel embargo sur les hydrocarbures en provenance de Russie.
L’horreur à Boutcha près de Kiev, avec le massacre de la population civile. Tout notre soutien au peuple ukrainien victime de crimes de guerre qui résiste héroïquement. Oui Poutine est un dictateur et un criminel de guerre. L’embargo s’impose pour que cessent les atrocités.
— Yannick Jadot (@yjadot) April 3, 2022
Alors que Kiev a accusé les forces russes d’avoir tué plusieurs centaines de civils dans cette ville proche de la capitale, le ministère russe de la Défense a fermement démenti ces accusations le 3 avril, qualifiant les images et vidéos fournies par l’Ukraine de «provocation». Moscou précise que l’armée russe a quitté Boutcha le 30 mars au «lendemain de la session de pourparlers entre la Russie et l’Ukraine en Turquie», et que dans un message vidéo publié le 31 mars, le maire de la ville n’a jamais évoqué la mort de civils.
Pour la Russie, les cadavres montrés en images ne peuvent pas être restés aussi longtemps dans la rue puisqu’«ils n’ont pas de lividités cadavériques typiques et que dans les plaies il y a du sang qui n’a pas coagulé».
L’agence Reuters a pour sa part précisé, le 4 avril, ne pas avoir été «en mesure de vérifier de manière indépendante qui était responsable de la mort des habitants décédés».
Human Rights Watch dénonce de possibles «crimes de guerre» envers des prisonniers russes en Ukraine