Le gouvernement français et la Commission européenne se sont émus de l'affaire des journalistes américains dont le compte a été temporairement suspendu sur Twitter par Elon Musk. Certains pointent une indignation à géométrie variable.
Réagissant à la récente suspension des comptes Twitter de certains journalistes américains, qui a finalement été levée pour certains d’entre eux, plusieurs hauts responsables politiques ont exprimé le 16 décembre leur indignation.
Parmi eux, le ministre français Jean-Noël Barrot, délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, qui s’est dit «affligé par la dérive dans laquelle Elon Musk précipite Twitter» et a rappelé que «la liberté de la presse est au fondement même de la démocratie», ou encore la vice-présidente de la Commission européenne, Vera Jourová, qui a pris le temps de rappeler que l’UE exigeait «le respect de la liberté des médias et des droits fondamentaux».
«Mascarade», «sinistre blague»…
Comme l’ont relevé certains commentateurs, les deux personnages en question incarnent des institutions à l’origine d’une censure inédite au sein de l’Union européenne, où la diffusion du travail journalistique réalisé par des rédactions telles que celle de RT France est interdite depuis mars 2022. Initialement annoncée par l’exécutif européen, la mesure d’interdiction a ensuite été appliquée par les gouvernements des 27. RT France a contesté cette interdiction de diffusion devant la justice européenne, en vain jusqu’alors.
«Ils interdisent RT France, où il n’y a que des journalistes français, puis tout le gouvernement nous la joue indigné, au nom de la Liberté de la Presse et de la Démocratie, parce que des journalistes US ont leur compte Twitter suspendu. Et Le Monde participe à cette mascarade !», a ainsi raillé le journaliste Didier Maïsto, qui est lui-même un intervenant régulier sur RT France.
Ils interdisent RT France, où il n’y a que des journalistes français, puis tout le gouvernement nous la joue indigné, au nom de la Liberté de la Presse et de la Démocratie, parce que des journalistes US ont leur compte Twitter suspendu 🤡 Et Le Monde participe à cette mascarade ! https://t.co/cpk8lpQK74
— Didier Maïsto (@DidierMaisto) December 16, 2022
«L’UE vient de déclarer sans plaisanter qu’elle était le défenseur de la liberté de la presse ! On lui rappelle qui a fermé du jour au lendemain les chaînes de télévision légales RT et Sputnik ?! Chaînes jamais condamnées en France ! L’UE ! Alors stop à cette sinistre blague», a de son côté commenté le fondateur des Patriotes, Florian Philippot.
L’UE vient de déclarer sans plaisanter qu’elle était le défenseur de la liberté de la presse !
On lui rappelle qui a fermé du jour au lendemain les chaînes de télévision légales RT et Sputnik ?! Chaînes jamais condamnées en France !
L’UE ! Alors stop à cette sinistre blague !— Florian Philippot (@f_philippot) December 16, 2022
«Quelle terrible nouvelle ! Vous allez nous manquer ! Pourquoi n’avez vous pas réagi quand votre gouvernement a interdit Rumble, Odyssée, fermé RT et mis au chômage des dizaines de journalistes ?», a encore rétorqué l’ancien sénateur Yves Pozzo di Borgo au ministre français Roland Lescure, délégué chargé de l’Industrie. Ce dernier venait d’annoncer qu’il renonçait «jusqu’à nouvel ordre» à toute activité sur Twitter suite à la suspension de comptes de journalistes par Elon Musk.
Quelle terrible nouvelle ! 😅😅😅😅😅😅😅 Vous allez nous manquer ! 😀😀😀 Pourquoi n’avez vous pas réagi quand votre gouvernement a interdit #Rumble#Odyssée et fermer #RT et mis au chômage des dizaines de journalistes ?
— Yves Pozzo di Borgo (@YvesPDB) December 17, 2022
L’affaire des journalistes américains dont le compte a été suspendu sur Twitter a suscité une vague d’indignation politique qui constitue une marche de plus dans l’escalade des tensions entre l’entreprise dirigée par Elon Musk et Bruxelles. En effet, dans sa réaction, la vice-présidente de l’exécutif européen a évoqué la mise en place imminente de «sanctions» en conséquence du franchissement de «lignes rouges», sans pour l’heure en préciser davantage.
Twitter : tollé après la suspension de plusieurs comptes, Musk affirme lutter contre le «doxing»