La Russie envisage de suspendre sa participation à l'accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes jusqu'à ce que ses exportations de denrées alimentaires et d'engrais soient débloquées, a déclaré le 13 juillet Vladimir Poutine.
L’Initiative de la mer Noire est un «jeu à sens unique»: rien de ce qui concerne les intérêts russes n’a été fait, a déclaré Vladimir Poutine le 13 juillet sur les ondes de la chaîne de télévision Rossiya 24. «Rien – et je tiens à le souligner –, rien n’a été fait. C’était un jeu à sens unique depuis le début. Pas un seul objectif lié aux intérêts de la Fédération de Russie n’a été atteint», a insisté le président russe.
«On nous dit : prolongez-le à nouveau. Il est possible de le faire, mais nous le prolongerons exactement au moment où les promesses qui nous sont faites seront tenues», a poursuivi le chef d’Etat, alors que se profile le 17 juillet une nouvelle échéance des accords d’Istanbul.
Jusqu’à présent, la Russie a consenti à la prolongation, tous les 60 jours, de cet accord signé à l’été 2022 sous l’égide de la Turquie et de l’ONU, malgré le non-respect des clauses concernant les exportations russes. Cette fois-ci, Moscou exige le respect de sa partie des accords, avant de parapher toute nouvelle reconduction.
«Seulement un peu plus de 3%» des céréales ont été livrés aux pays pauvres, selon Poutine
Parmi les demandes russes figurent la levée des sanctions occidentales sur ses exportations d’engrais et de produits alimentaires, la reconnexion au système Swift de Rosselkhozbank – une banque publique d’investissement dans le secteur agricole –, la reprise des livraisons de matériel agricole et de pièces détachées ainsi que du fonctionnement du pipeline d’ammoniac Togliatti-Odessa, composant chimique essentiel de l’engrais minéral, pipeline qui a été saboté début juin.
«La balle est dans le camp du président Poutine», a pour sa part estimé le 13 juillet Ursula von der Leyen, faisant mine d’ignorer l’ampleur du problème. «La Russie a une responsabilité de prolonger l’accord ou alors l’insécurité alimentaire mondiale en sera la conséquence», a poursuivi la présidente de la Commission européenne lors d’une conférence de presse au côté du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.
Moscou souligne qu’une infime partie des céréales ukrainiennes sont destinées aux pays qui pourraient souffrir d’une famine. «Sur l’ensemble des denrées alimentaires et notamment des céréales expédiées hors du territoire ukrainien, seulement un peu plus de 3% ont été livrées aux nations les plus pauvres du monde», a déclaré Vladimir Poutine. Mi-juin, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, regrettait que côté ukrainien cet accord se soit «transformé» en un «projet commercial».
En mars, Vladimir Poutine avait assuré que la Russie procéderait à des livraisons gratuites de céréales aux pays africains les plus en difficulté, dans l’éventualité où l’accord ne serait pas prolongé.
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