Dans la nuit du 11 au 12 mars, le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin et des élus de Corse ont trouvé un accord sur une écriture constitutionnelle du statut de l’île de Beauté. La droite sénatoriale s’insurge contre ce texte par la voix de son président Bruno Retailleau.
Une «reconnaissance d’un statut d’autonomie» de la Corse «au sein de la République» : dans la nuit du 11 au 12 mars, des élus insulaires ont trouvé un accord avec le ministre français de l’Intérieur sur le statut de l’île.
Ce projet d’accord s’inscrit dans le «processus de Beauvau» et a été salué par le président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni. Cité dans le journal Le Monde, il dit voir dans le texte «un pas considérable qui inscrit désormais de manière irréversible une Corse autonome au sein de la République, sans retour en arrière». L’élu s’est par ailleurs félicité de la création de la notion des «intérêts propres de la Corse» qui, selon lui, permettra d’encadrer «les notions de statut de résident pour accéder à la propriété foncière afin de limiter la spéculation ou d’insérer la notion de bilinguisme pour la langue corse».
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est félicité d’un «accord institutionnel conforme aux exigences fixées par Emmanuel Macron», avant de rappeler que le texte devait désormais être «débattu par l’Assemblée de Corse avant de prendre le chemin des consultations politiques nationales».
Ce soir, avec les représentants politiques corses, nous avons trouvé un large accord institutionnel conforme aux exigences fixées par @EmmanuelMacron. Cet accord sera prochainement débattu par l’Assemblée de Corse avant de prendre le chemin des consultations politiques… pic.twitter.com/6GaUrqD29A
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 12, 2024
«Constitutionnaliser le communautarisme», «belle avancée» : des élus continentaux partagés
L’accord obtenu entre les autonomistes et le ministre de l’Intérieur ne fait cependant pas l’unanimité.
Le président du groupe Les Républicains au Sénat Bruno Retailleau s’est ainsi indigné sur X (ex-Twitter) : «Contrairement aux proclamations officielles, le projet sur la Corse revient bien à constitutionnaliser le communautarisme.» L’élu met en garde contre «un pas dangereux à franchir».
Une position partagée par le président des Républicains Éric Ciotti, qui a estimé ce 12 mars sur les ondes de Sud Radio : «L’autonomie n’est pas un gros mot mais je suis opposé à ce que le pouvoir législatif soit transféré au Parlement corse.» Le député fait référence ici au pouvoir législatif que souhaitent obtenir des élus corses mais qui fait encore débat.
Contrairement aux proclamations officielles, le projet sur la #Corse revient bien à constitutionnaliser le communautarisme. Reconnaître « une communauté historique,linguistique et culturelle » revient bien à reconnaître la notion de peuple corse comme l’affirmait le 25/2 dernier…
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) March 12, 2024
Les élus d’autres formations se sont montrés assez discrets et plutôt divisés sur le sujet. La présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga a par exemple salué «une belle avancée pour la Corse». Et d’ajouter : «Dans notre République une et indivisible, la décentralisation permet de différencier les actions entre territoires pour répondre au plus près des besoins de nos concitoyens.»
L’ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls a pour sa part mis en garde contre ce texte dans une tribune publiée dans Le Figaro le 4 mars : «L’autonomie de la Corse est une boîte de Pandore pour tous les communautarismes.»
Rattachée à la France à la fin du XVIIIe siècle, la Corse entretient une relation complexe avec Paris et a été traversée par des revendications autonomistes voire indépendantistes, qui ont parfois pris la forme d’actions violentes.
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