Le CRS qui avait comparu aux assises en décembre pour avoir éborgné un syndicaliste lors d'une manifestation de 2016 à Paris a été définitivement acquitté après la décision du parquet général de ne pas faire appel du verdict.
«Le parquet général n’a pas interjeté appel de l’arrêt d’acquittement rendu dans ce dossier», a fait savoir le 27 décembre une source judiciaire citée par l’AFP, en référence à la récente comparution aux assises du policier qui avait éborgné le syndicaliste Laurent Théron, lors d’une manifestation contre la loi Travail, le 15 septembre 2016 à Paris.
Brigadier-chef de 54 ans, Alexandre M. avait comparu aux assises de Paris à la mi-décembre pour le jet d’une grenade de désencerclement place de la République, qui avait éborgné Laurent Théron, secrétaire hospitalier et militant du syndicat Sud-Santé.
Ce militant participait alors à une manifestation contre la loi Travail émaillée de violents heurts. Il a définitivement perdu l’usage de son œil droit. Laurent Théron avait initialement témoigné en ces termes : «J’ai entendu une forte détonation et, au même moment, mon œil m’a fait extrêmement mal.» Il avait ensuite porté plainte et l’inspection générale de la police (IGPN) avait été saisie de l’enquête.
Un CRS «sincèrement navré» qui assure avoir seulement cherché à «protéger [ses] hommes»
A l’issue de l’instruction, le CRS était accusé d’avoir lancé cette grenade à main de désencerclement (GMD) hors de tout cadre légal et sans être en état de légitime défense. A la barre, le policier s’était dit «sincèrement navré de la blessure gravissime» qu’il avait causée mais avait défendu un tir, selon lui, «nécessaire» pour «protéger [ses] hommes».
A l’audience, deux à trois ans de prison avec sursis avaient été requis à son encontre par le ministère public, qui avait contesté tout «état de légitime défense».
Après trois jours d’audience, la cour d’assises avait retenu une analyse inverse et acquitté l’accusé. Un verdict désormais définitif, à la grande satisfaction de son avocat.
«C’est un vrai soulagement pour ce policier qui s’était vraiment senti en danger et avait effectué un acte de riposte légitime […], ça n’enlève rien à l’injustice de la blessure de Monsieur Théron qui va désormais obtenir une juste réparation de son préjudice par l’Etat», a déclaré auprès de l’AFP Me Laurent-Franck Liénard.
Selon l’avocate de Laurent Théron, la décision de ne pas faire appel confirme, au contraire, «l’existence d’une justice à deux vitesses dans laquelle les policiers jouissent d’une légitime défense totalement dérogatoire aux règles de droit commun».
D’après Maître Lucie Simon, l’arrêt d’acquittement consacre «l’impunité policière» et justifie le fait pour un policier de «tirer dans le tas dès lors qu’une manifestation est violente» et même «si sa cible […] ne représente aucune menace». «C’est une défaite pour le droit», a-t-elle déclaré à l’AFP.
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