Interrogé sur la ratification ce 3 octobre du Statut de Rome par le Parlement arménien, Dmitri Peskov a fait part de la désapprobation du Kremlin. Il s'est néanmoins dit confiant quant au maintien de l'alliance entre Moscou et Erevan.
«Nous doutons et doutions depuis le début du fait que, du point de vue des relations bilatérales, la ratification du Statut de Rome par l’Arménie soit une bonne chose, et nous continuons à penser que c’est une mauvaise décision», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov ce 3 octobre.
Plus tôt dans la journée, le Parlement arménien avait ratifié le Statut de Rome, à l’origine en 1998 de la Cour pénale Internationale. Après sa ratification par soixante Etats, il est entré en vigueur le 1er janvier 2002, marquant par là même la création de cette institution judiciaire. Elle est saisie pour des crimes internationaux tels que les crimes de guerre, crimes de génocide, crimes contre l’humanité ou crimes d’agression.
La CPI, hostile à la Russie depuis 2016
Au départ, la création de la CPI a été une initiative saluée par Moscou. En 2000, la Russie était signataire du Statut de Rome, sans toutefois l’avoir ratifié. Mais en 2016, suite à l’ouverture d’une enquête de la CPI sur la guerre en Géorgie de 2008, la Russie a indiqué qu’elle renonçait à en être membre.
Les relations se sont encore envenimées le 17 mars 2023, lorsque la juridiction et la Fédération de Russie a lancé un mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine et Maria Lvova-Belova, commissaire aux droits de l’enfant au sein du cabinet présidentiel pour «crime de guerre de déportation illégale de population (enfants) (…) de certaines zones occupées de l’Ukraine vers la Fédération de Russie». Des accusations rejetées par Moscou.
Les relations entre Moscou et Erevan mises à rude épreuve
Cette décision s’inscrit dans un épisode difficile des relations russo-arméniennes, au lendemain de la victoire éclair de l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh. «Je pense qu’en Arménie, la majorité des gens comprend que l’OTSC (Organisation du Traité de sécurité collective, regroupant l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirhizistan, la Russie et le Tadjikistan, ndlr) et le partenariat russo-arménien sont à l’heure actuelle absolument irremplaçables», a estimé Peskov. Et celui-ci d’ajouter que «l’Arménie [était] notre allié (…) beaucoup nous unit avec nos frères arméniens et il ne fait aucun doute que ces liens perdureront toujours».
Contesté dans son pays pour avoir abandonné la région, le premier ministre Nikol Pachinian a accusé la Russie, disposant de forces de maintien de la paix dans le Karabagh, d’avoir laissé faire Bakou. La diplomatie russe lui a alors reproché le 25 septembre de «tenter de se dégager de la responsabilité des échecs de la politique intérieure et étrangère, en rejetant la faute sur Moscou», estimant qu’Erevan avait lui-même reconnu la souveraineté de l’Azerbaïdjan sur la région. L’Arménie n’a d’ailleurs jamais reconnu le Haut-Karabagh, a rappelé le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov le 2 octobre.
Haut-Karabagh : «Nos forces de maintien de la paix font tout ce qu’elles peuvent», assure Lavrov