La communauté gitane de Montpellier est la cible d’une vague de violences, suite à la mort accidentelle d’un jeune Franco-marocain le soir du match France-Maroc. La mosquée, le représentant des gitans et la famille du défunt appellent au calme.
La communauté gitane de Montpellier vit dans la peur. Reçu le 16 décembre en urgence à la préfecture de l’Hérault, son représentant Fernand Maraval a appelé au calme et demandé des renforts policiers. «Les familles gitanes s’enfuient» de la ville, affirme-t-il dans une interview publiée le matin même dans Métropolitain.
«Une horde de jeunes armés de kalachnikovs a investi la résidence Jupiter pour défoncer la porte d’un appartement, saccager les meubles et mettre le feu, avant de brûler une voiture puis de s’enfuir» relate-t-il, dépeignant au média occitan une situation «intenable». La veille, deux quartiers défavorisés de Montpellier, où vivent de nombreuses familles gitanes, ont été pour la deuxième nuit consécutive le théâtre d’une expédition punitive.
«On va vous niquer vos mères les gitans !»
Sur la toile, relate Valeurs actuelles, des vidéos circulent où l’on voit deux logements saccagés par des individus armés. Ils seront incendiés. Plusieurs véhicules seront également brûlés. Dans une autre vidéo, on aperçoit des dizaines de jeunes d’origine maghrébine courir aux cris d’«Allah Akbar». «On va vous niquer vos mères les gitans !», crie l’un d’eux.
À Montpellier, des Maghrébins font la chasse aux gitans au cri de « Allah Akbar » après la mort d'un jeune supporter marocain lors du match #FranceMaroc : le « vivre-ensemble » a du plomb dans l'aile ! pic.twitter.com/Ma5KAnWAXz
— Gilbert Collard (@GilbertCollard) December 15, 2022
A l’origine de ce déchaînement de violence, la mort d’un jeune adolescent dans la foulée du match France-Maroc le 14 décembre. Percuté par une voiture tentant d’échapper à son groupe qui encerclait le véhicule après avoir arraché un drapeau français à sa vitre, ce jeune Franco-marocain prénommé Aymen décède peu après sa prise en charge par les secours. Dès minuit, la préfecture de l’Hérault émet un communiqué où elle assure que «l’enquête de police progresse rapidement sous la direction du parquet» et que le véhicule a été retrouvé et «placé sous séquestre».
Des renforts policiers attendus pour «prévenir les éventuels troubles à l’ordre public»
Mais rien n’y fait, des échauffourées éclatent dans deux quartiers défavorisés de Montpellier, où vivent de nombreuses familles gitanes. Un homme de la communauté des gens du voyage a été retrouvé égorgé, mais en vie, rapporte Le Figaro de source policière. L’appartement du passager du véhicule, hospitalisé après avoir été passé à tabac dans la foulée de l’accident, a été forcé et saccagé.
«Le chauffard, qui a été identifié, est activement recherché par les forces de l’ordre. La justice fait son œuvre», a assuré le préfet Hugues Moutouh dans un communiqué publié en fin d’après-midi le 16 décembre, jugeant «inacceptables» les «provocations à la haine». Le haut fonctionnaire précise que deux unités de forces mobiles comptant 160 CRS et gendarmes ainsi que plusieurs brigades anticriminalité (BAC) sont «sur le point d’être déployées à Montpellier afin d’assurer la sécurité des personnes et de prévenir les éventuels troubles à l’ordre public».
Le même jour, à l’occasion de la prière du vendredi, l’imam de la grande mosquée de Montpellier ainsi que le frère du jeune Aymen ont appelé au calme. En plus de son appel au calme passé depuis la préfecture, Fernand Maraval appelait le conducteur du véhicule – toujours en fuite – à se livrer à la police. Dès le 15 décembre, dans un communiqué de la mairie de Montpellier, la famille d’Aymen qui y était reçu avait appelé «au plus grand calme».
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