L'assaillant de Salman Rushdie, un jeune Américain d'origine libanaise, a été présenté à un juge de l'Etat de New York devant lequel il a plaidé «non coupable» de «tentative de meurtre» de l'écrivain, toujours hospitalisé dans un état grave.
L’assaillant de Salman Rushdie, Hadi Matar, a plaidé ce 14 août «non coupable» de tentative de meurtre, par la voix de son avocat, et comparaîtra une nouvelle fois le 19 août.
Menacé de mort depuis une fatwa de l’Iran en 1989, un an après la publication des Versets sataniques, Salman Rushdie a été poignardé une dizaine de fois le 12 août, une attaque qui indigne en Occident mais qui est saluée par certains en Iran et au Pakistan.
Lors d’une audience de procédure au tribunal de Chautauqua, Hadi Matar, 24 ans, poursuivi pour «tentative de meurtre et agression», a comparu en tenue rayée noire et blanche de détenu, menotté et masqué, et n’a pas dit un mot, d’après le New York Times (NYT) et des photos de la presse locale.
Les procureurs ont estimé que l’attaque dans un centre culturel de Chautauqua, où Salman Rushdie allait donner une conférence, était préméditée. A 75 ans, l’intellectuel a été poignardé au moins à dix reprises au cou et à l’abdomen.
Le 13 août, les autorités et les proches de Salman Rushdie ont gardé le silence sur l’état de santé du Britannique naturalisé Américain. Il avait été hospitalisé la veille sous assistance respiratoire à Erié, en Pennsylvanie, au bord du lac qui sépare les Etats-Unis du Canada.
Toutefois, son agent, Andrew Wylie, alarmiste le 12 août au soir auprès du New York Times, a simplement confié au journal que son client avait recommencé à parler le 13 août dans la soirée, sans préciser s’il restait ou pas sous assistance respiratoire.
L’attentat provoque une onde de choc, surtout dans les pays occidentaux : le président américain Joe Biden a condamné «une attaque brutale» et rendu hommage à Salman Rushdie pour son «refus d’être intimidé et réduit au silence».
Vivant à New York depuis 20 ans, l’écrivain avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l’irrévérence.
Coïncidence, le magazine allemand Stern l’avait interviewé il y a quelques jours, avant l’attaque. «Depuis que je vis aux Etats-Unis, je n’ai plus de problèmes […] Ma vie est de nouveau normale», assurait alors l’écrivain, dans cet entretien à paraître in extenso le 18 août, en se disant «optimiste [malgré] les menaces de mort quotidiennes».
Vers des ventes en hausse pour les écrits de Salman Rushdie
La fatwa de l’Iran n’a de fait jamais été levée et beaucoup de ses traducteurs ont été blessés par des attaques, voire tués, comme le Japonais Hitoshi Igarashi, poignardé à mort en 1991.
Les Versets sataniques sont jugés par les musulmans les plus rigoristes comme blasphématoires à l’égard du Coran et du prophète Mahomet.
Aux Etats-Unis, le géant Amazon a fait état d’une hausse des commandes pour le livre et la librairie new-yorkaise Strand Bookstore a fait savoir à l’AFP que «des gens venaient voir ce qu’il a écrit et [voulaient] savoir ce qu’on avait» en stock.
Dans le sud du Liban, Ali Qassem Tahfa, le maire du village de Yaroun, a assuré auprès de l’AFP que Hadi Matar était «d’origine libanaise». Le jeune homme «est né et a grandi aux Etats-Unis, sa mère et son père sont de Yaroun», a-t-il assuré, sans commenter l’attaque.
L’auteur des Versets sataniques Salman Rushdie poignardé lors d’une conférence près de New York