L'ONG assume pleinement les conclusions de son rapport contesté par Kiev. Elle y reprochait à l'armée ukrainienne de mettre en danger des civils dans sa lutte contre l'armée russe en installant des infrastructures militaires dans des zones habitées.
«Nous maintenons pleinement nos conclusions», a déclaré ce 5 août la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, à l’AFP par courrier électronique, au lendemain de la publication d’un rapport dans lequel l’ONG accuse l’armée ukrainienne d’avoir mis en danger des populations civiles.
Agnès Callamard a souligné que ces conclusions étaient «fondées sur des preuves obtenues lors d’investigations de grande ampleur soumises aux mêmes normes rigoureuses et processus de vérification que tout le travail d’Amnesty International». Elle a déploré la réaction des autorités ukrainiennes «qui risque de paralyser une discussion légitime et importante de ces questions» de protection des civils, précisant que le gouvernement n’avait pas répondu à une demande de réaction ou de commentaire avant la publication du rapport.
L’ONG a «clairement indiqué que les pratiques militaires ukrainiennes» décrites dans son rapport, dont l’installation d’infrastructures militaires dans des écoles et des hôpitaux, «ne justifient en rien les violations systématiques par la Russie du droit international humanitaire», a souligné la secrétaire générale de l’ONG. «Ignorer des violations commises par une partie privilégiée par rapport à l’autre ne serait pas une manière de rendre compte des droits humains», a-t-elle plaidé.
Kiev furieux contre l’ONG
Le rapport, publié dans le contexte d’offensive russe en Ukraine lancée le 24 février dernier, a provoqué l’ire des autorités ukrainiennes. Le président Volodymyr Zelensky a estimé le soir du 4 août dans sa déclaration vidéo quotidienne que ce rapport mettait «la victime et l’agresseur d’une certaine manière sur un pied d’égalité». Le chef d’Etat est allé jusqu’à accuser Amnesty International de «tenter d’amnistier l’Etat terroriste» russe.
Dans le rapport en question, fruit d’une enquête de quatre mois, l’ONG a accusé l’armée ukrainienne d’établir des bases militaires dans des écoles et des hôpitaux et de lancer des attaques depuis des zones peuplées, une tactique qui viole, selon elle, le droit humanitaire international. «Le fait de se trouver dans une position de défense ne dispense pas l’armée ukrainienne de respecter le droit international humanitaire», a souligné l’ONG. En outre, si Amnesty dénonce ces tactiques ukrainiennes, elle insiste sur le fait qu’elles ne «justifient en aucun cas les attaques […] aveugles» qu’elle attribue à l’armée russe.
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