L'ambassadeur russe à Washington a fustigé le 13 mars les déclarations du directeur de la CIA exhortant à voter l'aide de 60 milliards à l'Ukraine, ceci afin d'infliger un «coup stratégique» à la Russie. Pour le diplomate russe, cette nouvelle livraison d'armes atteste de «l'engagement direct» des États-Unis en Ukraine.
«Les États-Unis reconnaissent officiellement leur participation de fait au conflit. Cependant, cette politique dangereuse fait redouter les conséquences les plus imprévisibles. Non seulement pour la sécurité des États-Unis, mais pour le monde entier», a averti Anatoli Antonov dans un post publié sur le compte Telegram de la mission diplomatique russe à Washington.
Dénonçant les «hauts fonctionnaires qui appellent à “frapper l’Ukraine en profondeur”», l’ambassadeur russe visait les déclarations du 11 mars du directeur de la CIA William Burns. De retour d’une dixième visite en Ukraine, celui-ci avait estimé que la guerre était à un «tournant», «tant pour la sécurité en Europe que pour les intérêts américains à travers le monde».
Les États-Unis redoutent de «voir davantage d’Avdeïevka»
Le directeur de la CIA a considéré qu’avec une aide supplémentaire, l’Ukraine serait en mesure de «tenir le front en 2024 et jusqu’au début 2025» et qu’elle pourrait «occasionner des coûts à la Russie, non seulement avec des frappes profondes en Crimée mais aussi contre sa flotte de la mer Noire».
William Burns intervenait devant un comité de responsables du renseignement alors que le Congrès n’a toujours pas voté depuis décembre une enveloppe de 60 milliards d’aide militaire à l’Ukraine, et ce, malgré les appels répétés du président Joe Biden. En effet, bien que le Sénat ait voté en faveur de ce budget, les républicains du Congrès y font toujours obstacle en conditionnant leur vote à des mesures pour endiguer l’immigration dans le sud du pays.
«Sans aide supplémentaire en 2024, vous verrez davantage d’Avdeïevka», a-t-il lancé, en référence à la prise par les forces russes de cette ville le 17 février. Décrivant une situation sur le front où l’Ukraine est «sur la défensive», voire peut-être «bat en retraite», il a estimé que ne pas envoyer cette aide serait «une erreur massive et historique pour les États-Unis».
Nouvelle enveloppe de 300 millions de dollars pour l’Ukraine
Dans l’attente d’une évolution favorable au Congrès, la présidence américaine a annoncé le 12 mars l’envoi prochain d’une aide militaire de 300 millions de dollars à l’Ukraine. Le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a indiqué que le financement provenait d’économies non prévues du Pentagone et serait destiné à l’achat d’obus d’artillerie et de munitions pour les lance-roquettes multiples Himars.
«C’est loin de suffire aux besoins de l’Ukraine sur le champ de bataille et cela ne l’empêchera pas d’être à court de munitions», a averti le haut fonctionnaire, indiquant que cette livraison ne suffirait que «pour environ deux semaines».
En outre, selon un article du Financial Times daté du 12 mars, les membres de l’Union européenne sont sur le point de débloquer un nouveau financement complémentaire de 5 milliards d’euros destiné à l’aide militaire à l’Ukraine. Il s’ajouterait à l’accord conclu le 1er février dernier par les États membres affectant 50 milliards d’euros pour soutenir l’effort de guerre ukrainien.
La ligne «inchangée et destructrice» de Washington confirmée
«On a l’impression que les politiques [américains] se désintéressent absolument des pertes en vies humaines, dont des femmes et des enfants», a affirmé le diplomate, citant la tentative d’attaque du 12 mars contre la ville de Belgorod.
Regrettant que «les frappes du régime de Kiev visant les villes soient présentées comme de l’héroïsme et une lutte pour des “idéaux” occidentaux», il a conclu que «l’administration [américaine] confirmait la ligne inchangée et destructrice du prolongement du conflit militaire en Ukraine».
Les livraisons d’armes augmenteront le nombre de victimes civiles, selon Antonov
«Ni le rejet par l’opinion publique de l’engagement militaire, ni les problèmes économiques, ni la crise migratoire ne peuvent arrêter Washington dans la réalisation de leur idée illusoire d’infliger à la Russie une défaite stratégique sur le champ de bataille», a en outre affirmé Anatoli Antonov. Toujours selon lui, «les États-Unis refusent de comprendre une vérité simple : aucune arme américaine n’arrêtera l’opération militaire spéciale». Le seul effet de cette nouvelle livraison sera «d’augmenter le nombre de victimes civiles de cette république post-soviétique».
Pour rappel, ces derniers mois, des bilans élevés ont été signalés lors de frappes ukrainiennes sur des centres-villes, notamment le 30 décembre à Belgorod (25 morts), le 21 janvier à Donetsk (28 morts), le 3 février à Lissitchansk (28 morts) et encore une fois à Belgorod le 16 février (sept morts).
Antonov : «La Russie n’a pas seulement arrêté l’expansion de l’OTAN, elle a inversé ce processus»