Le chef de la diplomatie française était en tournée expresse au Liban pour rencontrer des officiels libanais et tenter de trouver une solution à la crise entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Une visite critiquée par le parti chiite qui estime qu'elle soulagera le gouvernement de Netanyahou dans son offensive à Gaza.
Pour la deuxième fois depuis sa nomination en janvier dernier, le chef de la diplomatie française s’est rendu au pays du Cèdre pour tenter de trouver une solution à la crise frontalière entre l’armée israélienne et le Hezbollah.
Après être venu à Beyrouth le 6 février dernier, Stéphane Séjourné était dans la capitale libanaise le 28 avril pour rencontrer les officiels libanais avant de se rendre en Arabie saoudite et en Israël, où se trouve l’émissaire américain Amos Hoschtein.
Le ministre français des Affaires étrangères a publié un message sur son compte X dans lequel il a déclaré avoir rencontré Najib Mikati le Premier ministre intérimaire, Nabih Berri le président du Parlement, et Abdallah Bou Habib, le chef intérimaire de la diplomatie libanaise. «La France se tient aux côtés du Liban. Nous continuons à œuvrer pour préserver sa stabilité, et rétablir la paix», a-t-il insisté. Il a également fait le déplacement dans le sud du pays pour rencontrer les 700 soldats français de la Finul (mission onusienne pour pacifier la frontière israélo-libanaise).
«Les observations libanaises sont pleinement prises en compte»
Le ministre français a annoncé à ses interlocuteurs, selon L’Orient Le Jour, vouloir transmettre prochainement une feuille de route à la partie libanaise pour pacifier la frontière. Stéphane Séjourné a assuré que «les observations libanaises sont pleinement prises en compte». Compte tenu des affrontements quotidiens entre le Hezbollah et l’armée israélienne, il a toutefois précisé qu’«il y a quelques semaines, on parlait d’un risque. Mais aujourd’hui, l’escalade est bien présente et personne n’y a intérêt, y compris le Hezbollah», insistant qu’il voulait éviter «le scénario du pire».
Toujours selon le quotidien libanais, la proposition française devrait reprendre la résolution onusienne 1701 de 2006 qui avait mis fin au conflit entre la milice chiite et l’Etat hébreu, à la différence qu’elle serait divisée en trois étapes. Un arrêt des combats entre les deux ennemis, suivi du retour des habitants dans les zones frontalières en Israël et au Liban, et le déploiement de l’armée libanaise à la place du Hezbollah dans la zone limitrophe.
Un député du Hezbollah dénonce l’initiative de Séjourné
Un jour après la visite expresse de Stéphane Séjourné, le député du Hezbollah Hassan Fadlallah, a estimé que «toute tentative étrangère» concernant le Liban vise uniquement à «soulager le gouvernement» du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, afin «qu’il concentre tous ses efforts sur Gaza», a rapporté ce 29 avril le média El Nasrha. Une sortie de bien mauvais augure pour l’initiative de Séjourné.
La présence du ministre français des Affaires étrangères n’a par ailleurs pas empêché le Hezbollah et l’armée israélienne de s’affronter. Le parti chiite a revendiqué plusieurs attaques le 28 avril. Selon Al-Manar, l’organisation pro-iranienne a ciblé «le site de Ruwaisat Al-Alam dans les collines libanaises occupées de Kafr Shuba», «le site d’Al-Samaqa», ainsi qu’un bâtiment utilisé par les soldats israéliens. De son côté, Tsahal a visé plusieurs positions dans le sud du pays du Cèdre, notamment à «Kfar Kila», «Marwahine et Jabal Blat», rapporte L’Orient Le Jour.
La première visite de Séjourné avait été un échec cinglant
En attendant la réponse israélienne à la proposition française, le premier voyage de Stéphane Séjourné dans la région s’était soldé par un échec. Le ministre français avait en effet transmis la proposition de l’Etat hébreu au Liban. Un message qui n’avait pas manqué de provoquer l’ire du Hezbollah. En effet, Hassan Nasrallah avait rétorqué le 13 février dernier : «Ils prennent la feuille de route israélienne, texto, et la transmettent au Liban», avant de railler l’exigence d’un retrait des forces du mouvement chiite. Il avait déclaré «un responsable politique que je ne citerai pas a dit qu’il serait plus facile pour les Israéliens de déplacer le fleuve vers le sud».
Tour à tour, le Hezbollah avait refusé la proposition israélienne d’un retrait de 40 kilomètres de la frontière et la proposition française d’un éloignement de l’organisation pro-iranienne à 10 kilomètres de la zone limitrophe.
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