Le feu qui a englouti la cité portuaire de Lahaina, ex-capitale du royaume d'Hawaï, est l'incendie le plus meurtrier depuis plus d'un siècle aux Etats-Unis et personne ne peut encore prédire l'ampleur véritable du drame.
Le bilan humain des incendies qui ont quasiment rasé une ville sur l’île de Maui s’élève désormais à 110 morts, ont annoncé le 16 août les autorités de l’archipel américain d’Hawaï, en assumant publiquement de ne pas avoir utilisé les sirènes d’alarme lors du drame.
Depuis une semaine, un procès en incompétence est fait aux autorités locales, notamment car les sirènes d’alarme n’ont pas retenti sur Maui. Mais cela ne relevait pas d’un oubli ou d’une négligence et a été publiquement assumé le 16 août.
Les sirènes « sont utilisées principalement pour les tsunamis » et les habitants « sont entraînés à s’abriter en altitude » lorsqu’elles retentissent, a expliqué à la presse Herman Andaya, responsable de l’agence chargée de la gestions des crises à Hawaï (EMA) en assurant ne pas regretter de les avoir laissées muettes.
Le feu brûlait sur les hauteurs de Lahaina et les autorités ont donc préféré s’en tenir aux alertes à la télévision, radio et sur les smartphones, de peur que les habitants foncent vers l’incendie, a-t-il résumé. Ces avertissements se sont souvent révélés inutiles à cause des multiples coupures de courant et de réseau subies par l’île, frappée par des vents violents alimentés par un ouragan au milieu du Pacifique.
« C’est vrai que lorsque je suis arrivé à Hawaï, les gens m’ont dit: +si tu entends une sirène, c’est qu’il y a un tsunami et qu’il faut aller sur les hauteurs », a abondé le gouverneur de l’archipel, Josh Green, en annonçant la découverte de quatre corps supplémentaires, ce qui porte le bilan provisoire à 110 morts.
Le fournisseur d’électricité Hawaiian Electric est également visé par une plainte, car il n’a pas coupé volontairement le courant, ce qui a pu augmenter le risque d’incendies à cause de la chute de nombreux poteaux électriques. A l’avenir « nous aimerions enterrer les lignes électriques », a souligné le gouverneur. « Nous avons l’intention d’investir massivement dans ce domaine lors de la reconstruction. »
Des dizaines d’habitants encerclés se sont jetés en mer pour survivre
A Lahaina, des dizaines d’habitants pris de court se sont jetés à la mer pour échapper aux flammes. La colère gronde chez certains survivants. « Ce qui s’est passé, à mon avis, frise la négligence », a confié à l’AFP Annelise Cochran, une rescapée qui a passé huit heures dans l’eau.
Dans ce contexte, la Maison Blanche a annoncé le 16 août que Joe Biden allait se rendre sur l’archipel lundi 21 août, pour rencontrer survivants, secouristes et responsables. « Je reste déterminé à m’assurer que les habitants d’Hawaï aient tout ce dont ils ont besoin pour se remettre de cette catastrophe », a écrit le président sur le réseau social X (ex-Twitter).
Biden avait rapidement déclaré l’état de catastrophe naturelle à Hawaï, ce qui a permis de déployer des moyens d’assistance d’urgence de l’Etat fédéral. Mais il a été critiqué par l’opposition républicaine pour sa réponse jugée insuffisante, voire indifférente face à ces incendies: le président ne s’est pas exprimé publiquement quand le bilan s’est lourdement aggravé au cours du week-end.
Les recherches sur place sont toujours laborieuses. Les secouristes et chiens renifleurs qui fouillent les décombres de Lahaina, où vivaient 12.000 habitants avant la catastrophe, n’ont inspecté que 38% de la zone, selon les autorités. « Il s’agit d’une opération de recherches très difficile », a insisté Deanne Criswell, la patronne de l’agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema).
Des médecins légistes équipés d’une morgue mobile sont arrivés en renfort le 15 août. Les équipes mobilisées incluent désormais des experts ayant travaillé sur les attentats du 11 septembre, des crashs d’avion ou des incendies majeurs. Mais le feu a été si intense qu’il a fait fondre le métal et réduit des milliers de maisons en cendres. Les cadavres sont souvent méconnaissables.
Seules cinq victimes ont pu être identifiés jusqu’ici. Les proches de personnes disparues sont encouragés à donner leur ADN pour faciliter l’identification des cadavres. Un défi logistique pour les familles de touristes, qui ne sont pas présentes sur l’île.
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