La monnaie russe a atteint un niveau historique face à l'euro et au dollar, avec un taux de change à près de 50 roubles pour un dollar. La Russie devrait utiliser des mécanismes pour brider le rouble, dont l'ascension mine notamment les exportations.
Alors que, selon Reuters, le rouble est devenu la monnaie la plus performante de 2022, le ministre russe des Finances, Anton Silouanov, a annoncé le 29 juin que la Russie était prête à «sacrifier» une partie de son budget pour intervenir sur le marché des changes et affaiblir sa monnaie, au plus haut depuis 2015. La Russie utiliserait «les revenus excédentaires tirés du pétrole et du gaz pour intervenir sur le marché des changes» et ainsi brider le rouble.
Concrètement, il s’agirait d’acheter des devises de pays jugés «amicaux» (ceux n’ayant pas sanctionné Moscou après son offensive en Ukraine) pour affaiblir le rouble face aux monnaies étrangères, y compris le dollar et l’euro.
En effet, le dollar valait plus de 80 roubles avant le début de l’intervention militaire en Ukraine fin février, il n’en vaut désormais plus que 52. Le 29 juin au matin, le billet vert s’est même négocié à moins de 51 roubles selon l’AFP, du jamais-vu depuis le printemps 2015. Face à cette situation qui s’explique par des mesures prises par Moscou pour protéger son économie des sanctions mais aussi par la chute des importations, le gouvernement est sous pression pour agir car un rouble fort mine les exportations et les revenus du budget russe.
«Le cours [du rouble] est d’une importance capitale pour les exportateurs. Donc nous, au gouvernement, avons accepté d’étudier la semaine prochaine des propositions le concernant», a déclaré Anton Silouanov, lors d’un forum avec des représentants du monde des affaires. «Je vois cela comme la mesure ultime dans l’artillerie lourde», a ajouté Anton Silouanov, soulignant qu’aucune décision finale n’avait encore été prise.
L’ascension du rouble va-t-elle se poursuivre ?
Signe qu’une telle mesure ne fait pas l’unanimité, le ministre du Développement économique, Maxime Rechetnikov, a tempéré le 29 juin les propos de son collègue. «Nous ne voyons pas cette proposition comme une solution à la situation actuelle», a-t-il rétorqué, estimant que les coupes budgétaires envisagées pour intervenir sur le marché des changes ne seraient pas suffisantes pour inverser la donne et risquaient même d’«aggraver la situation».
La force actuelle du rouble s’explique par des mesures de contrôle de capitaux mises en place par les autorités russes, dans la foulée de l’intervention miliaire russe en Ukraine débutée le 24 février. Reuters précise que la Russie a notamment interdit aux ménages russes de retirer leur épargne en devises.
Ces mesures ont été assouplies ces dernières semaines, mais le rouble a continué son inexorable ascension, car sous l’effet des sanctions la Russie importe très peu et donc les acteurs économiques russes n’achètent plus de dollars ou d’euros pour s’approvisionner à l’étranger.
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