France

Baisse des naissances, hausse de la mortalité : la démographie française en crise ?

Les derniers chiffres de l'Insee montrent que la natalité est en berne en France, le nombre de naissances étant au plus bas depuis 1946. Avec une mortalité en hausse, la croissance de la population ne tient notamment qu'à un solde migratoire positif.

Les données de l’Insee publiées ce 17 janvier arrivent à point nommé, alors que le débat sur l’avenir plus ou moins sombre du système de retraites fait rage. Avec moins de naissances et une population vieillissante, la France compte ainsi désormais plus de 68 millions d’habitants, soit une hausse de 0,3% sur un an limitée par une baisse de la natalité et un niveau de mortalité élevé.

La croissance de la population est principalement liée à un solde migratoire positif, soit la différence entre le nombre de personnes entrées et celles sorties du territoire : 161 000 personnes sont ainsi arrivées dans l’Hexagone en 2022.

La natalité à son plus bas niveau depuis 1946

Elle a également été tirée par le solde naturel de la population, soit la différence entre le nombre de naissances et de décès. Ce solde, qui s’élève à +56 000 personnes, a toutefois atteint son «plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale», précise l’Institut national de la statistique.

Des migrants à bord de l'Ocean Viking se préparent à débarquer à Toulon, le 11 novembre 2022 (photo d'illustration).

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Cette situation s’explique par la combinaison de deux facteurs, à savoir un recul des naissances et une hausse de la mortalité. En 2022, 723 000 naissances ont été comptabilisées, soit un recul de 19 000 par rapport à 2021 et le plus faible nombre enregistré sur un an depuis 1946.

Ce recul de la natalité s’explique en partie par la diminution du nombre de femmes de 20 à 40 ans, en âge de procréer. Mais elle est surtout due à la baisse du taux de fécondité (nombre d’enfants par femme) qui s’est établi à 1,80 enfant par femme en 2022, contre 1,84 en 2021.

Ce taux a diminué chaque année entre 2015 et 2020, après avoir oscillé autour de deux enfants par femme entre 2006 et 2014. Il avait toutefois augmenté en 2021, dans un contexte post-confinements. La France restait toutefois en 2020 le pays le plus fécond de l’Union européenne (1,82 enfant par femme), devançant de peu la Roumanie (1,80), mais loin devant l’Italie (1,24).

La baisse de la fécondité met en péril le «système de solidarité par répartition», alerte l’Union des associations familiales

Prenant acte de cette baisse de la natalité, l’Union nationale des associations familiales (Unaf) a, dans un communiqué, appelé  le gouvernement à relancer «la politique familiale», en améliorant notamment «l’indemnisation du congé parental» et en créant un «service public de la petite enfance».

Le milliardaire Elon Musk au Texas le 28 août (image d'illustration).

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«La baisse continue de la fécondité met en péril notre système de solidarité par répartition», a-t-elle également souligné, à l’heure où le projet de réforme des retraites du gouvernement suscite de fortes oppositions. En outre, les femmes sont âgées de 31 ans en moyenne lors de la naissance de leur premier enfant, contre 29,4 ans 20 ans plus tôt, détaille l’Insee.

Sur le plan de la mortalité, l’Insee a dénombré 667 000 décès en France en 2022, soit 5 000 de plus qu’en 2021. Leur nombre est à peine inférieur à celui de 2020 (-0,3%), année marquée par l’épidémie de Covid-19, et nettement supérieur à celui de 2019, année «normale» (+8,8%).

Plusieurs explications peuvent être apportées à cette mortalité élevée, dont le vieillissement de la population. Parmi elles, l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges plus avancés, qui entraîne logiquement une hausse tendancielle des décès depuis quelques années.

L’Insee, qui ne dispose pas des causes de décès, comme le rappelle Le Monde, évoque plusieurs autres facteurs, dont la poursuite de l’épidémie de Covid-19, suivie par une épidémie de grippe tardive et trois périodes de canicule. L’excès de mortalité tiendrait aussi aux conséquences de la crise sanitaire : il faut ainsi recenser «les décès liés directement au Covid, mais aussi ceux qui lui sont imputables indirectement, comme les personnes souffrant de maladies chroniques, qui ont pu être fragilisées», a précisé auprès du quotidien Laurent Toulemon, démographe à l’Institut national d’études démographiques.

Des seniors plus nombreux et une espérance de vie qui stagne

Au 1er janvier 2023, en France, 21,3% des habitants avaient 65 ans ou plus, une proportion comparable à celle de l’Union européenne, selon l’institut, alors que cette tranche d’âge ne représentait que 17% de la population en 2012. Les moins de 20 ans représentaient eux en début d’année 23,5% de la population et les 20 à 64 ans 55,2%. 

Quant à l’espérance de vie à la naissance, elle s’est établie à 85,2 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes, soit des niveaux proches de ceux de 2021 et toujours inférieurs de 0,4 an à ceux de 2019, avant la pandémie.

Une donnée à mettre en perspective avec l’espérance de vie en bonne santé (nombre d’années qu’une personne peut compter vivre sans souffrir d’incapacité) : celle-ci s’élevait, d’après l’Insee également, à 64,4 ans pour les hommes et à 65,9 ans pour les femmes en 2020, selon le dernier rapport de l’Insee. 

Par ailleurs, 244 000 mariages ont été célébrés en France l’an dernier, soit un nombre élevé qui tient à un effet «de rattrapage des mariages reportés en raison de la pandémie», estime l’Insee. Le nombre de Pacs est quant à lui estimé à environ 190 000 en 2022, après 209 000 en 2021 et 174 000 en 2020.

Enfin, en termes de répartition géographique, 65,8 millions de Français vivent en métropole et 2,2 millions dans les cinq départements d’outre-mer. Parmi ces derniers, l’Insee a indiqué dans une autre publication citée par la 1ère que Mayotte faisait figure d’exception, avec une population qui a «doublé entre 1997 et 2017», une tendance qui ne s’est pas infléchie ensuite. «Près de la moitié des habitants sont de nationalité étrangère et les trois-quarts des naissances sont de mères étrangères», a estimé l’institut.

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