Le pouvoir malien a fait savoir que la force antidjihadiste française Barkhane n'avait plus de base légale pour opérer dans le pays, après la dénonciation par Bamako des accords de coopération militaire. L'UE regrette cette décision.
«A compter du 2 mai, l’accord qui concerne Barkhane et l’accord qui concerne Takuba cessent de produire leur effet vis-à-vis du Mali […] et ça veut dire qu’à partir de cet instant il n’y a pas de base légale pour la France d’opérer sur le sol malien», a déclaré le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop à la télévision nationale dans la soirée du 3 mai.
Après des mois d’animosité, les autorités maliennes dominées par les militaires arrivés au pouvoir par la force en août 2020 avaient annoncé la veille mettre fin au traité de coopération en matière de défense de 2014, ainsi qu’aux accords de 2013 et 2020 fixant le cadre juridique de la présence de Barkhane et du regroupement de forces spéciales européennes Takuba, initié par la France.
Abdoulaye Diop a redit le 3 mai au soir que la rupture du traité de 2014 prendrait effet dans six mois, mais que celle des accords sur Barkhane et Takuba s’appliquait immédiatement, comme le permettent selon lui les textes internationaux.
Le ministre a rappelé que Barkhane était déjà en train de se retirer du Mali, et a déclaré que la France pouvait continuer à organiser ce désengagement.
«Tout ce qui se fait dans le territoire d’un Etat souverain doit être discuté et convenu avec l’Etat qui est en place qui, de façon tout à fait responsable, veillera à ce que les choses se fassent en bon ordre mais se fassent aussi dans le temps que le gouvernement [malien] souhaite adéquat», a-t-il précisé.
Pour l’UE, la décision du pouvoir malien n’apaise pas la situation
Les autorités françaises ont jugé le 3 mai «injustifiée» la dénonciation des accords. Elles ont aussi contesté que ceux sur la présence de Barkhane et Takuba puissent entrer en vigueur dès à présent.
L’Union européenne a également jugé «regrettable» la décision de Bamako de dénoncer les accords de défense entre Bamako et Paris car elle ne favorise pas, selon elle, un climat apaisé et une coopération face au terrorisme, a déclaré le 4 mai le porte-parole du chef de la diplomatie Josep Borrell.
«Nous prenons acte de cette décision unilatérale. Elle est regrettable», a déclaré Peter Stano lors du point de presse quotidien.
Mali : l’armée française accusée d’«espionnage» et de «subversion» par le gouvernement