Tsahal bombarde ce 10 février le secteur de Rafah, à la pointe sud de la bande de Gaza, Benjamin Netanyahu ayant ordonné aux militaires de préparer un «plan d'évacuation» des centaines de milliers de civils sur place avant une éventuelle offensive terrestre.
Tôt ce 10 février, des témoins ont fait état de frappes dans les environs de Rafah, ville désormais peuplée par environ 1,3 million de Palestiniens, plus de la moitié de la population de la bande de Gaza, la grande majorité étaient des personnes qui s’y sont réfugiées pour échapper aux violences plus au nord.
Le ministre de la Santé du Hamas a dénombré dans la soirée et la nuit 110 morts, dont 25 dans des frappes à Rafah, et fait état de «combats intenses» ce 10 février dans l’hôpital Nasser de Khan Younès. La veille, les forces israéliennes avaient pris d’assaut l’autre grand hôpital de cette ville, al-Amal.
Après Gaza City, puis Khan Younès, Israël vise désormais une opération au sol dans cette ville jouxtant l’Égypte, à l’extrême sud de la bande de Gaza, dans le cadre de son offensive militaire contre le mouvement islamiste palestinien Hamas.
Après avoir ordonné le 7 février à l’armée de préparer une offensive sur Rafah, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lui a demandé le 9 février de lui soumettre un «plan combiné» d’«évacuation» des civils de Rafah et de «destruction» du Hamas dans cette ville.
«Il est impossible d’atteindre l’objectif de la guerre sans éliminer le Hamas et en laissant quatre bataillons du Hamas à Rafah», et cela requiert que «les civils évacuent les zones de combat», a-t-il dit. Mais «s’ils (l’armée israélienne) envahissent Rafah, comme l’a dit Netanyahu, il y aura des massacres et nous pourrons dire adieu à toute humanité», a déclaré Adel al-Hajj, un déplacé dans la ville.
Plus d’un million de déplacés
A Rafah, dans la journée du 9 février, plusieurs bâtiments ont été détruits, selon des photographes de l’AFP. Dans un quartier, des personnes sont vues porter les corps de trois enfants tués dans un bombardement.
«Forcer plus d’un million de Palestiniens déplacés à Rafah à évacuer à nouveau sans trouver un endroit sûr où aller serait illégal et aurait des conséquences catastrophiques», a déclaré dans la nuit Nadia Hardman, spécialiste des droits des migrants et des réfugiés pour Human Rights Watch.
«Il n’y a aucun endroit sûr à Gaza. La communauté internationale doit prendre des mesures pour prévenir de nouvelles atrocités», a-t-elle ajouté, alors que l’ONU et même les États-Unis, principal allié d’Israël, ont fait état de craintes pour les civils sur place.
«Mener une telle opération maintenant (à Rafah) sans planification et sans réflexion dans une zone abritant un million de personnes serait un désastre», a prévenu cette semaine le département d’État américain. Dans une rare critique à l’égard d’Israël depuis le début il y a quatre mois de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, le président américain Joe Biden a jugé «excessive» la «riposte dans la bande de Gaza» à l’attaque du 7 octobre.
La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent menée ce jour-là par des commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza dans le sud d’Israël, qui a fait plus de 1 160 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP à partir de données officielles israéliennes.
En représailles, Israël a juré de «détruire» le Hamas et lancé une vaste offensive qui a fait au moins 27 940 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir en 2007 dans le territoire palestinien.
Les cycles de négociations se succèdent
Au cours de l’attaque du 7 octobre, environ 250 personnes ont également été enlevées et emmenées à Gaza. Une trêve d’une semaine en novembre dernier avait permis les libérations de plus d’une centaine d’otages en échange de celles de quelque 240 prisonniers palestiniens en Israël.
De nouvelles négociations entre les médiateurs qatari et égyptien et le Hamas, lancées le 8 février au Caire pour tenter de parvenir à un accord de trêve incluant un échange de prisonniers palestiniens et d’otages, ont pris fin le 9 février, a indiqué à l’AFP un responsable du Hamas. «La délégation du Hamas a quitté Le Caire», a indiqué ce responsable en disant, sans autres précisions, «attendre une réponse d’Israël».
Selon le site Axios, le patron de la CIA doit se rendre la semaine prochaine en Égypte pour tenter d’arracher une nouvelle pause dans les combats et la libération des otages à Gaza. Hors de ce territoire palestinien, Israël a ciblé dans la nuit les environs de la capitale syrienne Damas, selon l’agence officielle syrienne Sana qui a fait état de dégâts «matériels».
Sur les marchés, Israël a vu l’agence de notation Moody’s abaisser d’un cran la note de sa dette, de A1 à A2, en raison des contrecoups «du conflit en cours avec le Hamas» qui «augmentent» le risque politique pour le pays et «affaiblissent» ses institutions ainsi que sa «solidité budgétaire».
L’ex-ministre israélien des Finances, aujourd’hui député de l’opposition, Avigdor Lieberman, a attribué sur le réseau social X cette décision à des mesures «populistes» du gouvernement Netanyahu dont le budget ne comporte aucune «mesure de croissance». Selon l’agence financière Bloomberg, il s’agit de la toute première fois qu’Israël connaît une dégradation de sa note à long terme.
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