Le président suisse Ignazio Cassis a déclaré que son pays, même s'il condamne l'offensive en Ukraine et a adopté des sanctions contre la Russie, resterait fidèle à son principe de neutralité militaire. Il a ainsi écarté un rapprochement avec l'OTAN.
Malgré les sanctions prises contre la Russie, la Suisse «est toujours neutre», a assuré le président Ignazio Cassis le 3 août, lors d’un entretien avec la presse au siège de l’ONU à New York. Le chef d’Etat a ainsi distingué la «neutralité» militaire à laquelle la Suisse est attachée et la condamnation de l’offensive militaire russe en Ukraine, qui constitue à ses yeux une violation du droit international.
«Bien sûr qu’il y a en Europe un sentiment d’une unité plus forte contre cette agression qui nous a tous réveillés d’une situation de paix dont on bénéficiait depuis 70 ans», a déclaré le président en exercice de la Confédération. Mais «la Suisse est toujours neutre, la neutralité de la Suisse n’est pas en question», a-t-il assuré, rejetant notamment l’idée de tout rapprochement avec l’OTAN. «[Se] rapprocher dans le sens d’un pas intermédiaire pour demander un jour de devenir membre, non, pour l’instant ce n’est pas une discussion politique en Suisse», a-t-il poursuivi, soulignant ainsi une différence d’approche avec la Suède et la Finlande, qui ont décidé de rejoindre l’Alliance atlantique.
La neutralité n’est pas synonyme d’absence de politique extérieure, selon Ignazio Cassis
«La neutralité est assez simple : on ne prend pas part à une guerre, on n’envoie pas d’armes ou de troupes dans une guerre, et on ne donne pas son territoire pour des armes ou des troupes de parties en guerre, ni on ne participe à une alliance militaire comme l’OTAN», a-t-il développé. Mais, selon lui, «autour de cette neutralité, il y a une politique extérieure et de sécurité», et «condamner la violation du droit international par cette agression militaire russe est une obligation axée sur la Constitution et qui ne lèse en rien la neutralité».
La Suisse, qui a accueilli des réfugiés ukrainiens, s’est associée aux sanctions contre la Russie décidées par l’Union européenne en représailles à son opération militaire en Ukraine, notamment dans le domaine économique et financier, en interdisant par exemple l’importation d’une série de biens et le soutien financier à des institutions publiques russes. Le 3 août, le gouvernement suisse s’est d’ailleurs à nouveau aligné sur les sanctions adoptées par l’UE le 20 juillet, en ajoutant l’interdiction d’importer de l’or d’origine russe à la liste des mesures. En revanche, Berne avait mis au mois d’avril son veto à la livraison à l’Ukraine de munitions suisses via l’Allemagne, rappelant que sa législation prohibe les réexportations de son matériel de guerre vers des pays impliqués dans des conflits.
Pour la première fois depuis son adhésion aux Nations unies il y a 20 ans, la Suisse a été élue en juin pour occuper à partir de janvier un des sièges de membres non permanents du Conseil de sécurité. Plaidant pour un «renforcement» du traité de non-prolifération des armes nucléaires dont les Etats signataires sont réunis à l’ONU depuis le 1er août, le président suisse a indiqué que son pays essaierait, au sein du Conseil de sécurité, de «faire le pont» entre puissances nucléaires et non nucléaires, «avec la crédibilité d’un pays neutre».
En 2021, la Suisse, après avoir mené des négociations pendant plusieurs années avec l’UE sur une modernisation de leurs relations, avait fini par y mettre un terme, estimant qu’un nouvel accord aligné sur le droit européen mettrait en péril sa politique migratoire.
La Suisse rompt les négociations avec l’UE sur l’avenir de leurs relations