Josep Borrell est à Beyrouth et Anthony Blinken se rend en tournée diplomatique au Moyen-Orient, alors que la menace d'un affrontement entre le Hezbollah et Tsahal augmente. Le roi de Jordanie a appelé Washington a obtenir d'Israël un «cessez-le-feu immédiat» à Gaza.
Alors que les échanges de tir font rage entre le Hezbollah et l’armée israélienne, Joseph Borrell, le chef de la diplomatie européenne est à Beyrouth et Anthony Blinken en tournée au Moyen-Orient.
Arrivé sur le tarmac en Jordanie le 7 janvier, le secrétaire d’État des États-Unis, a déclaré s’efforcer «d’éviter que ce conflit ne s’étende» en enjoignant les «alliés» et «partenaires» d’user de leur influence pour empêcher la propagation du conflit. Washington reste toutefois le premier allié de l’État hébreu et de ce fait la cible de vives critiques dans la région depuis le 7 octobre.
La Jordanie s’inquiète des «répercussions catastrophiques» des hostilités
Recevant Blinken, Abdallah II de Jordanie a quant à lui appelé les États-Unis à faire pression sur Israël pour obtenir un «cessez-le-feu immédiat» à Gaza et mis en garde contre les «répercussions catastrophiques» d’une poursuite des hostilités.
Il a réaffirmé que «la région ne connaîtrait pas la stabilité sans une solution juste à la question palestinienne et sans la réalisation d’une paix juste et globale basée sur la solution à deux États», l’un israélien, l’autre palestinien.
Il a également réitéré «le rejet total par la Jordanie du déplacement forcé des Palestiniens» et «des tentatives de séparer Gaza de la Cisjordanie», deux territoires qui font partie intégrante d’un futur État palestinien, selon lui.
Le roi de Jordanie a également dénoncé «les actes de violence commis par des colons extrémistes contre les Palestiniens et les violations des lieux saints musulmans et chrétiens à Jérusalem», mettant en garde contre le danger d’une «explosion de la situation dans la région».
La veille, le chef de la diplomatie européenne Joseph Borrell était à Beyrouth pour insister sur le fait que le Liban ne devrait pas être «entraîné dans un conflit régional». «Je pense que la guerre peut être évitée, qu’elle doit être évitée et que la diplomatie peut l’emporter», a-t-il martelé lors d’une conférence de presse avec son homologue libanais Abdallah Bouhabib.
La guerre se rapproche-t-elle entre le Liban et Israël ?
Le chef de la diplomatie européenne s’est également entretenu avec Aroldo Lazaro, le lieutenant-général de la Finul, pour réitérer «le ferme soutien de l’UE à la mission des Nations Unies, qui joue un rôle crucial dans la prévention et l’atténuation de l’escalade». Josep Borrell a également eu un entretien avec le chef du Parlement libanais Nabih Berri, soulignant «la nécessité d’une désescalade régionale et d’une solution politique». Enfin, il a rencontré le commandant de l’armée libanaise Joseph Khalil Aoun pour évoquer «la situation militaire préoccupante dans le Sud».
Les déplacements de Josep Borrell et d’Anthony Blinken au Moyen-Orient interviennent dans un contexte de fortes tensions entre le Hezbollah et l’armée israélienne, qui ont franchi un nouveau palier avec l’assassinat par frappe aérienne dans la banlieue sud de Beyrouth du numéro 2 du Hamas le 2 janvier dernier.
En représailles, le Hezbollah rapporte avoir tiré 62 roquettes et missiles sur le site militaire de Meron en territoire israélien le 6 janvier, et Tsahal a de son côté bombardé une zone située entre Kaouthariyet el-Sayad (caza de Saïda) et Charqiyé (caza de Nabatieh), au Sud-Liban. Le Hezbollah a indiqué avoir perdu trois nouveaux combattants.
Le porte-parole de l’armée israélienne Daniel Hagari a déclaré dans une vidéo publiée sur la plateforme X le 7 janvier qu’«Israël répond et continuera de répondre avec fermeté à l’agression du Hezbollah» affirmant que le parti chiite libanais «attire le Liban vers une guerre inutile pour le plus grand bien du Hamas». L’armée israélienne a assuré que le Hezbollah «espère une escalade des tensions malgré le mal que cela pourrait engendrer pour la population libanaise», martelant que l’organisation pro-iranienne mettait «l’ensemble de la région en danger». Daniel Hagari a conclu sa vidéo en menaçant qu’en l’absence de solution diplomatique, le problème sera réglé «par la force».
Dans son discours du 3 janvier, le secrétaire général du Hezbollah avait quant à lui averti que «si l’ennemi pense lancer une guerre contre le Liban, nous combattrons sans limites, sans restrictions, sans frontières, et il sait ce que cela signifie».
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