Sans avancer de preuves concrètes et malgré les démentis de Moscou, le président français s'est dit «a peu près» sûr de la responsabilité de l'armée russe dans les exactions à Boutcha… et souhaite donc de nouvelles sanctions contre la Russie.
Emmanuel Macron s’est déclaré le 4 avril «favorable» à ce que l’Union européenne décide de nouvelles sanctions vis-à-vis de la Russie, en évoquant le pétrole et le charbon, après la diffusion d’images montrant des dizaines de corps de civils tués dans la région de Kiev, notamment à Boutcha.
«Ce qui s’est passé à Boutcha impose un nouveau train de sanctions et des mesures très claires», a déclaré le président français sur France Inter. «Donc, nous allons nous coordonner avec nos partenaires européens, en particulier l’Allemagne [dans] les prochains jours», a-t-il ajouté, en évoquant des sanctions individuelles et des mesures sur «le charbon et le pétrole».
Il est à peu près établi que c’est l’armée russe
Avec «ce qui est en train de se passer», notamment «à Marioupol, il faut qu’on envoie le signal que ce sont notre dignité collective et nos valeurs que nous défendons», a poursuivi Emmanuel Macron, qui était interrogé sur l’Ukraine en tant que président et non comme candidat à la présidentielle.
Il a réaffirmé, comme il l’avait fait le 3 avril dans un tweet, être «extrêmement choqué [par] les scènes insoutenables» à Boutcha, qu’il faut condamner «avec la plus grande fermeté». «Il y a des indices aujourd’hui très clairs de crimes de guerre», a-t-il affirmé, soulignant que c’était l’armée russe qui se trouvait dans cette petite ville et que la culpabilité de la Russie dans le massacre était «à peu près établi[e]». «La justice internationale doit passer. Celles et ceux qui ont été à l’origine de ces crimes devront en répondre [car] il n’y aura pas de paix sans justice», selon lui.
Des dates qui ne concordent pas, selon Moscou
Les autorités russes ont toutefois fermement démenti toute responsabilité de l’armée russe concernant les événements qui se sont déroulés à Boutcha. Le ministère russe de la Défense a ainsi dénoncé une «provocation» en rappelant que les troupes avaient quitté la ville le 30 mars, au «lendemain de la session de pourparlers entre la Russie et l’Ukraine en Turquie». Or, aux yeux des autorités russes, les cadavres montrés en images ne peuvent pas être restés aussi longtemps dans la rue puisqu’«ils n’ont pas de lividités cadavériques typiques et que dans les plaies il y a du sang qui n’a pas coagulé».
En outre, le maire de Boutcha n’avait pas évoqué d’exactions lors d’une courte vidéo publiée sur Twitter le 31 mars, où il proclamait la libération de la ville par l’armée ukrainienne.
Le nombre total de morts reste encore incertain. Selon la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova, les corps sans vie de 410 civils auraient été retrouvés dans les territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes. Toutefois, les auteurs n’ont toujours pas été formellement identifiés et, dans le cas de Boutcha, Reuters a assuré pour sa part qu’elle «n’a pas été en mesure de vérifier de manière indépendante qui était responsable de la mort des habitants».
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