Un convoi de 600 tracteurs s'est dirigé vers Sofia pour protester contre la levée de l'interdiction portant sur l'importation de céréales ukrainiennes. Les agriculteurs dénoncent une concurrence déloyale et le non-respect des normes européennes.
Manifestation d’agriculteurs bulgares le 18 septembre.
«Nous demandons l’annulation de la décision des gouvernants ou bien toute autre solution assurant la défense de la production et de la vente des produits bulgares», a déclaré Siméon Karakolev, agriculteur, selon des propos recueillis par Ruptly.
Le 18 septembre, 600 tracteurs se sont dirigés vers Sofia pour protester contre la levée de l’interdiction, par Bruxelles puis par le gouvernement bulgare, de l’importation des céréales ukrainiennes. Les représentants de 26 coopératives étaient présents. Les agriculteurs auraient projeté de défiler sous les fenêtres du bâtiment du Conseil des ministres, mais auraient été stoppés par la police à l’entrée nord de Sofia.
Guéorgui Milenkov, un autre agriculteur, pointe le problème de la concurrence déloyale : «les prix ukrainiens ne sont pas comparables aux nôtres. On leur offre les semences, et moi j’achète un sac de semences pour 550 levs bulgares [270 euros, ndlr], pour un seul paquet ! Que dire de plus ?»
La fronde des pays de l’est contre la Commission européenne
Pour rappel, le 2 mai, la Commission européenne avait prononcé une interdiction temporaire des importations de céréales ukrainiennes dans cinq pays de l’Union européenne situés à la périphérie de l’Ukraine : la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie.
Ces dernières s’étaient plaints que la hausse soudaine de céréales bon marché en provenance d’Ukraine avaient pesé à la baisse sur les prix suite à la suspension par l’Union européenne, le 4 juin 2022, de tous les droits de douane sur les produits ukrainiens dans le cadre du programme de «mesures d’échange autonome (Autonomous Trade Measures)».
Cette interdiction dans cinq pays frontaliers de l’Ukraine était en vigueur jusqu’au 15 septembre. Immédiatement, la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie ont réagi par la mise en place d’interdictions unilatérales contre les importations ukrainiennes. «L’intérêt des paysans polonais est plus important pour nous que celui des oligarques ukrainiens», a argué le vice-ministre polonais de l’agriculture Janusz Kowalski dans une interview au Financial Times.
I am grateful to Bulgaria for its decision not to prolong restrictions on Ukraine’s agricultural exports after September 15th.
I thank PM Nikolai Denkov and his team, as well as Bulgarian parliamentarians who supported this move.
Bulgaria sets an example of true solidarity.
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) September 14, 2023
La Bulgarie, qui se trouvait initialement dans le groupe des pays protestataires, s’est finalement rangée à l’avis de la Commission européenne dans un souci de baisse des prix. Une décision saluée par le président ukrainien qui avait vu dans la Bulgarie «l’exemple d’une véritable solidarité».
La Hongrie, la Pologne et la Slovaquie maintiennent leur interdiction des céréales d’Ukraine