La ville de Calais a installé des rochers afin d'éviter tout campement de migrants, en particulier sur certains axes. Une action assumée par la mairie, mais dénoncée par des associations d'aide aux migrants qui y voient une «invisibilisation».
Depuis le 12 septembre, des centaines de tonnes de rochers ont fait leur apparition dans la ville, notamment sur les quais du Danube et de la Meuse, deux voies situées non loin de la gare.
Si on ne veut pas de campements gênants en centre-ville, je me dois d’agir
La mairie de Calais s’est refusée à tout commentaire auprès de l’AFP, indiquant s’être «déjà exprimée». Dès le 13 septembre, la maire Natacha Bouchart – ex-Les Républicains ralliée à Emmanuel Macron – avait assumé être à l’origine de ces installations dans La Voix du Nord, chiffrant le budget de la pose des rochers à 45 000 euros. «Si on ne veut pas de campements gênants en centre-ville, je me dois d’agir», avait-elle affirmé au quotidien, invoquant des plaintes de riverains, des nuisances sonores, «un sentiment d’insécurité» et «d’insalubrité».
Les associations d’aide aux migrants condamnent l’action municipale
Des associations d’aide aux migrants ont dénoncé ces installations par la mairie de Calais, visant selon elles à «empêcher l’installation de tentes» de migrants en transit vers l’Angleterre. De longues zones herbeuses et un terre-plein, «qui servaient cet été de lieu de vie» à de nombreux migrants, selon les associations, ont été entièrement recouverts de rochers, placés à moins d’un mètre les uns des autres.
Le campement visé «était déjà expulsé quotidiennement depuis le 3 août, jusqu’à une très grosse expulsion la semaine dernière, lors de laquelle les personnes ont été déplacées vers le quai de la Meuse. Désormais, toute réinstallation est impossible», a déploré auprès de l’AFP Pablo Ovan, coordinateur communication de l’association Human Rights Observers (HRO).
D’autres zones du centre ont été «entourées de rochers», de manière à «rendre plus difficiles les distributions» de nourriture et de matériel par les associations, a-t-il ajouté. En juin, la mairie avait déjà «installé des grillages» pour chasser les personnes exilées installées sous les ponts du centre-ville, a aussi dénoncé Pauline, autre coordinatrice de HRO.
«C’est dans la lignée de la politique “zéro point de fixation des exilés à Calais”, qui pousse les populations à toujours se réinstaller sur des terrains plus éloignés du centre-ville, et donc à les invisibiliser», a pointé Ludivine Colas, coordinatrice nationale de l’association Utopia 56. «En parallèle de ce genre de dispositif […] rien n’est mis en œuvre pour proposer un vrai accompagnement aux personnes exilées», que le trafic migratoire vers les côtes anglaises aimante dans la zone, a-t-elle regretté.
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