Vent de panique sur Ottawa après une découverte pour le moins embarrassante : le vétéran ukrainien invité lors de la visite de Zelensky faisait en réalité partie de la tristement célèbre division SS Galicie, connue pour ses nombreux massacres.
«J’ai depuis reçu de nouveaux renseignements qui me font regretter ma décision d’avoir présenté cette personne», a indiqué le 25 septembre le président de la Chambre des communes et député Anthony Rota dans une déclaration écrite rapportée par Radio Canada.
Ses propos faisaient suite à la révélation du passé de Yaroslav Hunka, 98 ans, un résident de sa circonscription qu’il avait convié le 22 septembre au parlement à l’occasion de la visite du président ukrainien en le présentant comme «un Canadien ukrainien, vétéran de la Seconde guerre mondiale qui a combattu contre les Russes pour l’indépendance de l’Ukraine». Il avait été ovationné par le parlement canadien.
Une séquence que Volodymyr Zelensky s’est, de son côté, retenu de commenter sur X, alors que le Président ukrainien et son épouse, tout comme Justin Trudeau peuvent être aperçus applaudissant Hunka.
You may've seen @JustinTrudeau & Volodymyr Zelinskyy celebrate in the Canadian Parliament Yaroslav Hunka, 98, an ex-Waffen SS fighter.
It appears neither knew of Mr Hunka's past & the Canadian Speaker @AnthonyRota, his constituent invited him without checking.
Cc @Jay_Beecherpic.twitter.com/Ey7iqROte1
— David Atherton (@DaveAtherton20) September 25, 2023
La polémique avait éclaté lorsqu’une organisation juive canadienne, le Centre des amis de Simon Wiesenthal, dans un post sur X (anciennement Twitter) daté du 24 septembre, s’était dite «consternée que le Parlement canadien fasse une ovation à un vétéran ukrainien qui avait servi pendant la Seconde guerre mondiale dans une unité nazie impliquée dans le meurtre de masse de Juifs et de non Juifs». Elle avait exigé des «excuses et des explications».
FSWC is appalled that Canada’s Parliament gave a standing ovation to a Ukrainian veteran who served in a Nazi military unit during the Second World War implicated in the mass murder of Jews and others.
An apology and explanation is owed.https://t.co/ZkzIkOCvBe
— Friends of Simon Wiesenthal Center (@CanadianFSWC) September 24, 2023
Trudeau nie avoir été mis au courant
Suite à cette tempête médiatique, le 24 septembre au soir, le président de la Chambre des communes a «présenté ses excuses les plus sincères aux communautés juives partout au Canada et autour du monde» et a dit assumer «l’entière responsabilité de ses actes».
On September 22, in the House of Commons, I recognized an individual in the gallery. I regret my decision to do so, and accept full responsibility for my actions. Read my statement here: https://t.co/Hd9chtHFNJ
— Speaker of the HoC (@HoCSpeaker) September 24, 2023
«Je tiens à préciser que personne parmi mes collègues parlementaires ou parmi la délégation ukrainienne n’était au courant de mes intentions ou de mes remarques avant mon allocution», a-t-il précisé, insistant sur le fait qu’il était «le seul responsable de cette initiative, l’individu en question étant une personne de ma circonscription dont on [lui] avait parlé».
Le cabinet du Premier ministre a confirmé ses dires, se dédouanant de la responsabilité de cet incident. Dans des propos rapportés par Radio Canada, il a conclu que «[les excuses de Rota] étaient la bonne chose à faire».
De manière prévisible, les critiques du gouvernement, n’ont pas manqué d’en faire leurs choux gras : le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, y voyait sur X une «grave erreur de Justin Trudeau», tandis que le chef du Bloc québecois, Yves-François Blanchette, jugeait cette situation «désolante».
De l’autre côté de l’Atlantique, le journaliste britannique au Daily Mirror David Atherton, raillait sur X la vidéo des excuses de Rota, notant que son cabinet «s’y connaissait en LGBT mais pas en histoire».
Un tollé en Russie et en Pologne
Une fois n’est pas coutume, Moscou et Varsovie ont partagé la même indignation contre cet événement. L’ambassadeur russe à Ottawa, Oleg Stépanov, a annoncé plus tôt ce 25 septembre l’envoi d’une «note exigeant des éclaircissements» au ministère canadien des Affaires étrangères et au cabinet du Premier ministre. Il estimait notamment qu’en rendant hommage à un membre d’une «telle organisation criminelle», le cabinet du Premier ministre et les parlementaires canadiens avaient dépassé «non seulement les normes morales mais aussi juridiques».
« Il est révoltant de voir le chef d’état major canadien Wayne Eyre avec ses collègues à épaulettes applaudir un bourreau SS», a-t-il ajouté, soulignant que, par cette action, «le régime de Trudeau insult[ait] l’histoire du Canada et les Canadiens qui ont donné leur vie pour libérer le monde du nazisme dans le cadre de la coalition anti-hitlérienne».
Il a en outre indiqué «se poser beaucoup de questions» sur la présence lors de cette ovation des ambassadeurs français, anglais et américain.
L’ambassadeur de la Pologne au Canada, Witold Dzielski, a quant à lui réagi sur X en demandant des excuses au gouvernement canadien, affirmant que cette unité a été responsable de la mort de milliers de Juifs et de Polonais.
Le 22 septembre, le président ukrainien se rendait en visite officielle au Canada après son déplacement la veille aux Etats-Unis. Le gouvernement canadien lui a alloué une nouvelle tranche d’aide d’un montant de 650 millions de dollars «sur trois ans visant à fournir à l’Ukraine 50 véhicules blindés». Ils ont également discuté des «besoins de l’Ukraine sur les plans financiers, de l’aide au développement, de l’aide humanitaire et autres». A cette occasion, le Premier ministre canadien a réaffirmé que «le Canada restera[it] aux côtés de l’Ukraine et lui fournira[it] toute l’aide nécessaire, aussi longtemps qu’il le faudra[it]».
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