Les pilotes d'un avion de la Japan Airlines transportant 379 personnes n'ont pas vu l'appareil avec lequel ils sont entrés en collision le 2 janvier en atterrissant à l'aéroport de Tokyo-Haneda, a affirmé ce 4 janvier à l'AFP un porte-parole de la compagnie aérienne.
Les pilotes de l’avion de la Japan Airlines (JAL) au coeur d’un spectaculaire accident le 2 janvier à l’aéroport de Tokyo-Haneda ont affirmé ne pas avoir vu l’appareil avec lequel ils sont entrés en collision et n’avoir senti «l’impact» qu’à l’atterrissage.
«”Nous ne pouvions pas avoir de contact visuel [avec l’avion des garde-côtes]”, nous ont relaté les pilotes», a déclaré un porte-parole de la JAL à l’AFP, au sujet de l’accident qui a fait cinq morts parmi les passagers du Bombardier Dash 8 heurté par l’Airbus de la compagnie japonaise.
«Ils disent que c’est au moment même où les roues touchaient le sol ou étaient sur le point de toucher le sol qu’ils ont ressenti un impact», a-t-il ajouté. «L’un des trois pilotes nous a dit avoir vu un objet juste avant l’impact.»
Le 2 janvier à 17h47 (8h47 GMT), alors que la nuit était tombée sur Tokyo, le JAL516 en provenance de Sapporo, dans le nord de l’archipel, est entré en collision à l’atterrissage avec un plus petit appareil, qui s’apprêtait à décoller vers la péninsule de Noto (centre) où s’est produit un terrible séisme le 1er janvier.
L’impact a provoqué une impressionnante explosion et l’Airbus A350-900 a immédiatement pris feu, s’immobilisant quelques centaines de mètres plus loin sur le côté de la piste. La totalité des 379 passagers et membres d’équipage de l’avion ont été évacués avant que cet Airbus ne parte en fumée sur le bas-côté de la piste.
Les causes de la collision encore inexpliquées
Le porte-parole de la JAL a aussi précisé que les pilotes ignoraient dans un premier temps que leur appareil était en feu. «À l’inverse des véhicules, ils n’ont pas de rétroviseurs. Quand le feu a pris (à l’arrière de l’appareil), ils ne pouvaient pas le voir depuis le cockpit. C’est le personnel de cabine» qui les a prévenus, a affirmé le communiquant de la JAL.
Selon la chaîne de télévision NHK, ils n’ont pris connaissance de l’incendie que lorsque le chef de cabine leur a demandé l’autorisation d’ouvrir les sorties de secours, et alors que la cabine commençait à être envahie par la fumée et une intense chaleur ayant provoqué un début de panique.
À cause de l’incendie, seuls deux toboggans ont pu être activés à l’avant de l’appareil, toujours selon la NHK. Dix-huit minutes se sont écoulées entre l’impact (17h47) et le moment où la dernière personne, le commandant de bord, s’est retrouvée sur le tarmac (18h05).
«Je suis surpris qu’ils [les passagers] soient sortis de l’avion sans égratignure [le bilan compte 15 blessés] en raison de la puissance de l’impact. Quand nous modélisons ce genre d’accident sur une piste, nous partons du principe que les deux avions vont être détruits et qu’il y aura beaucoup de victimes», a commenté ce 4 janvier auprès de l’AFP Guido Carim Junior, un expert de l’Université de Griffith en Australie.
Les causes de la collision sont encore inexpliquées, mais une «erreur humaine» y a probablement contribué, estiment deux experts en aviation, Doug Drury de l’Université de Central Queensland et Terence Fan de l’Université de management de Singapour, également interrogés par l’AFP.
L’Airbus avait reçu l’autorisation d’atterrir
Le 2 janvier au soir, lors d’un point presse, un responsable de la Japan Airlines avait affirmé que l’autorisation d’atterrir «avait été donnée» à l’Airbus, une version que confortent des échanges radio de la tour de contrôle, que l’AFP a consultés sur le site LiveATC.net. «Japan 516, autorisation d’atterrir», peut-on entendre de la part d’un contrôleur aérien à 17h45 locales (8h45 GMT), deux minutes avant la collision.
Selon la suite de ces échanges radio communiqués le 3 janvier par le ministère japonais des Transports, la tour de contrôle a demandé quelques secondes plus tard à l’avion des garde-côtes de se déplacer à un point d’arrêt, à l’écart de la piste. Mais d’après un responsable des garde-côtes mentionné par la NHK, le pilote rescapé du Bombardier aurait affirmé juste après l’accident avoir obtenu la permission de décoller.
Une équipe d’experts du Bureau d’enquêtes et d’analyses français pour l’aviation civile (BEA), ainsi que des experts britanniques et canadiens, vont se pencher sur les causes de ce qui aurait pu être l’une des pires catastrophes aériennes de l’histoire. Airbus a aussi annoncé envoyer une équipe d’«assistance technique» pour aider l’enquête du Bureau japonais de la sécurité des transports.
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