Dans un document envoyé à Corse Matin le 11 juillet, le Front de libération nationale Corse dénonce la France qui, selon lui, «tue le peuple corse», et la gentrification de l'île de Beauté. Le mouvement a également revendiqué une série d'attentats.
«Le peuple corse meurt, il disparaît !», a dénoncé le 11 juillet le FLNC (Front de libération nationale Corse) dans un communiqué, en revendiquant au passage 16 attentats contre des résidences secondaires, des entreprises du bâtiment ou des véhicules policiers.
«Ce qui tue le peuple corse, c’est la France, le système économique mondial et une partie de notre peuple qui s’en fait complice», accuse dans ce document transmis à Corse Matin le mouvement indépendantiste clandestin, qui avait officiellement déposé les armes en 2014, au terme de quatre décennies de lutte armée marquées par plus de 4 500 attentats.
Parmi ces complices, le texte vise notamment Femu a Corsica, le parti autonomiste de Gilles Simeoni, le président de l’exécutif corse, et «sa volonté d’hégémonie».
Regrettant l’émergence d’«une forme de patriotisme bobo, d’autosatisfaction assumée, quel que soit le résultat obtenu», le FLNC estime par exemple que l’élection de trois députés autonomistes corses en 2017 (tous réélus lors des législatives de juin) n’a apporté «aucune avancée tangible pour les droits nationaux» du peuple corse.
Face à une «France» dont l’attitude aurait «rarement été aussi méprisante et condescendante», le FLNC se déclare «extrêmement pessimiste» sur les discussions annoncées avec Paris et la venue attendue dans l’île, sans doute fin juillet, du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Lors d’un déplacement dans l’île de Beauté mi-mars, pour apaiser les tensions nées de l’agression en prison d’Yvan Colonna, ce militant indépendantiste condamné à la prison à perpétuité pour sa participation à l’assassinat du préfet Erignac en 1998 à Ajaccio, Gérald Darmanin avait offert aux élus de l’île la perspective d’une «autonomie».
Le FLNC exige l’accession à l’autodétermination d’ici 5 ans
Sur ce thème institutionnel, le FLNC a répété ses exigences le 11 juillet : «la reconnaissance officielle du peuple corse», «une autonomie politique transitoire immédiate» et l’accession à l’autodétermination «dans un délai de 5 ans». «La lutte continue», insiste le FLNC, en précisant qu’il ne sera pas un «spectateur passif de la mort programmée du peuple corse sur sa terre», menacé par «la colonisation de peuplement» que constitueraient les «5 000 arrivants chaque année» dans l’île.
A toi Yvan, à l’homme, au berger, au militant clandestin
Dénonçant «la bétonisation» de l’île, les terres agricoles, «nouvel eldorado économique, [désormais] hors de prix», ou un tourisme aujourd’hui dominé «par des groupes français», l’organisation clandestine conclut son texte par la revendication de 16 «actions» visant deux véhicules de police, deux entreprises du bâtiment et douze résidences privées, dont l’incendie de 36 mobile-homes dans un camping d’Aleria.
Alors que le communiqué s’achève par un mystérieux message, «Confirmons Mathilde et David», il commence par un hommage appuyé à Yvan Colonna, en langue Corse: «A toi Yvan, à l’homme, au berger, au militant clandestin». Concernant la mort de celui-ci, finalement décédé le 21 mars après sa violente agression par un codétenu à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône), le FLNC répète vouloir «la vérité sur son assassinat». «Mais nous savons que nous ne l’aurons jamais», ajoute-t-il aussitôt.
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