Avoir interdit de diffusion RT et Sputnik sur l'ensemble de son territoire ne semble pas suffisant aux yeux de l'UE : selon le média EUobserver, des sanctions européennes en cours d'élaboration frapperaient encore davantage les médias russes.
La soif de censure de l’Union européenne est-elle inextinguible ? Selon un article mis en ligne le 12 décembre par le média EUobserver, une énième batterie de sanctions européennes s’apprêterait à frapper des médias russes et un certain nombre de leurs journalistes.
D’après la même source, ces sanctions prévoiraient le gel des avoirs dans l’Union européenne de la maison mère des chaînes RT (TV-Novosti), des sociétés publique VGTRK et privée National Media Group ou encore de la plateforme de débats et d’analyses Strategic Culture Foundation. Ces nouvelles mesures européennes incluraient également la révocation de la licence de diffusion dans l’UE de trois chaînes russes : NTV/NTV Mir, Rossiya 1 et REN TV.
Afin de justifier cette nouvelle attaque contre des organes de presse, l’UE accuserait les médias en question de «manipulation de l’information» en vue de justifier l’opération militaire russe en Ukraine ou afin de «déstabiliser» les Etats de l’UE, ou de constituer «une menace directe et significative à l’ordre public et à la sécurité de l’Union» européenne. Des journalistes eux-mêmes seraient également visés par ces sanctions.
Celles-ci, selon EUobserver, s’inscriraient dans un ensemble de mesures punitives plus large, touchant des personnalités politiques russes telles que des parlementaires, des ministres et des responsables d’administrations locales. Un embargo sur les investissements de la Russie dans le secteur minier et un gel des avoirs de banques de ce pays seraient également prévus.
Les contours exacts de ces nouvelles sanctions, écrivait EUobserver le 12 décembre, restaient encore alors à définir.
RT et Sputnik censurés… sans qu’aucune «faute» ne soit épinglée
Pour rappel, peu après le déclenchement de l’opération militaire russe en Ukraine, la Commission européenne a invoqué la nécessité de couper tous les canaux de diffusion (satellite, Web et réseaux sociaux) en Europe de «la machine médiatique du Kremlin» représentée, selon elle, par RT et Sputnik. Or, l’UE n’a pas été en mesure, pour appuyer cette décision, de citer la moindre fake news dont se seraient rendus coupables ces médias… Et pour cause : la chaîne RT France n’a jamais été sanctionnée par le régulateur français des médias, l’Arcom (ex-CSA).
RT France a fait appel cet été d’une décision de la justice de l’Union européenne, qui confirmait l’interdiction de diffusion du média au sein de l’UE. L’avocat de RT France avait alors dénoncé une méconnaissance de «la liberté d’expression dont doit disposer, en toutes circonstances, tout média d’information, sous le contrôle de son régulateur national».
Dans ce contexte également, YouTube a bloqué les comptes des chaînes RT dans le monde entier – y compris le compte de RT Balkan fraîchement lancé. A contrario, la plateforme de vidéos Rumble, refusant de céder aux injonctions de l’exécutif français de retirer certains contenus, au premier rang desquelles «les sources d’information russes», a décidé en novembre de suspendre son accès à tous les utilisateurs de France et d’attaquer en justice le gouvernement français.
Si le monde médiatique hexagonal dans son ensemble a peu manifesté de solidarité à l’égard de ses confrères de RT France frappés par la censure européenne, un certain nombre de personnalités médiatiques et politiques sont toutefois montées au créneau pour dénoncer cette mesure liberticide. En outre, une pétition en ligne contre l’interdiction de RT France a mobilisé plus de 50 000 signataires.
«L’Union européenne veut imposer une ligne éditoriale» : un avocat dénonce la censure de RT France