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Pérou : des milliers de manifestants convergent vers Lima pour demander le départ de Boluarte

Des Péruviens, souvent de condition modeste, ont décidé de marcher sur la capitale Lima pour exiger le retour du président Pedro Castillo, la démission de son successeur Dina Boluarte et la tenue de nouvelles élections.

La protestation s’amplifie au Pérou, où les manifestants issus pour la plupart de zones rurales ont décidé de marcher sur la capitale Lima pour réclamer la démission de la présidente Dina Boluarte. Visée par une enquête pour «crime présumé de génocide», elle a pris la place de l’instituteur indigène Pedro Castillo, destitué le 7 décembre 2022.

«Nous irons à Lima, peu importe la manière»

L’ancien président a été destitué par le Congrès après avoir essayé de le dissoudre et de gouverner par décret. Des faits qualifiés de rébellion pour lesquels Pedro Castillo est emprisonné. Sa vice-présidente Dina Boluarte lui a succédé comme le veut la Constitution, mais, de connivence avec le Congrès, elle est rejetée par les électeurs de Castillo qui réclament son retour, la convocation d’une assemblée constituante et de nouvelles élections.

Au pouvoir pendant 17 mois, ce syndicaliste des campagnes n’a pas pu gouverner comme il l’entendait. Menacé de destitution à deux reprises avant le 7 décembre, il a passé son temps à tenter de se dépêtrer des attaques de ses adversaires, majoritaires au Congrès.

Gustavo Petro (à gauche) et Pedro Castillo (à droite), le 29 août 2022, à Lima (image d'illustration).

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«Nous irons à Lima, peu importe la manière. A pied s’il le faut […] Dina Boluarte a dit qu’elle ne voulait pas nous voir, alors elle va nous entendre», a déclaré à l’AFP Anastasia Lipe Quispe, 63 ans, dont les cinq fils sont paysans. «Nous allons dans la capitale pour faire entendre notre voix de protestation», a ajouté Jimmy Mamani, un chef indigène aymara de la région de Puno, située dans le sud du pays, près de la frontière avec la Bolivie voisine, et épicentre des mobilisations des campagnes pauvres qui s’opposent à l’élitisme et au «mépris» de Lima.

50 000 protestataires aymaras attendus à Lima

Les communautés aymara de la région ont décidé de prendre la route de la capitale où 50 000 d’entre eux sont attendus, selon Voz de America. «Nous partons ce lundi [16 janvier] au plus tard. […] nous voulons voyager dans l’unité entre tous les peuples aymaras », a déclaré au journal péruvien La República, Julio Vilca, un leader de la protestation de la province d’Ilave. 

A Apurimac ou à Cusco (où se situe la citadelle inca du Machu Picchu), autres régions du sud, des groupes de paysans quechua prennent aussi la route de la capitale. Les protestataires arrivent également du nord où, comme le rapporte Voz de America, des groupes de «ronderos», des paysans qui patrouillent dans leurs villes en guise de sécurité traditionnelle, ont déjà commencé à arriver à Lima depuis la région de Cajamarca, dans les hautes terres du nord du Pérou, d’où est originaire Pedro Castillo. 

Dans tout le pays, des mobilisations, des grèves et des barrages routiers ont été enregistrés dans 35 provinces, la plupart dans les régions du sud du pays, selon la Defensoria del pueblo (un organisme autonome de défense des droits fondamentaux, l’Ombudsman péruvien), qui a également fait état de 98 barrages routiers nationaux.

L’appel de la capitale a été baptisé «Marche des quatre suyos», en référence à la division politique de l’empire inca en quatre juridictions appelées suyos. Une marche massive du même nom avait été organisée en 2000 contre l’ancien président Alberto Fujimori.

Ces derniers jours, des milliers d’habitants de Lima ont défilé du centre-ville vers les quartiers des classes aisées, exigeant la démission de Dina Boluarte et la fin de la répression violente des manifestations. La Confédération générale des travailleurs, le syndicat le plus important du pays, a appelé à une grève nationale le 19 janvier contre le gouvernement et exige aussi la démission de la présidente et de l’impopulaire conseil d’administration du Congrès.

Cinquante personnes sont mortes depuis le début de la crise : 41 civils dans des affrontements, huit en raison d’accidents de la circulation et d’événements liés à des blocages, et un policier brûlé vif après avoir été attaqué par une foule, selon le rapport de la Defensoria del pueblo. Dina Boluarte est la sixième personne à occuper la présidence péruvienne en cinq ans, dans un pays aux institutions instables qui connaît une crise politique permanente depuis de nombreuses années.

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