En Israël, Emmanuel Macron a proposé de lutter contre le Hamas avec la coalition internationale mobilisée contre l'Etat islamique, encore présente en Irak et en Syrie. Une proposition rejetée par Jean-Luc Mélenchon, la jugeant antinomique avec un cessez-le-feu selon lui nécessaire, et par Florian Philippot, qui fustige un alignement sur Washington.
En déplacement à Tel-Aviv ce 24 octobre pour apporter son soutien à l’Etat hébreu face à l’offensive du Hamas du 7 octobre, Emmanuel Macron a notamment envisagé d’élargir l’objectif de la coalition internationale contre Daech (Etat islamique) en incluant la lutte contre le Hamas.
Outre son avertissement à l’Iran et ses affiliés sur l’ouverture d’un second front, le président français a proposé lors d’une conférence de presse conjointe que la coalition internationale contre Daech «dans le cadre de laquelle nous sommes engagés pour notre opération en Irak et en Syrie, puisse lutter aussi contre le Hamas».
Une proposition de coalition encore floue. Cela dépendra «de ce qu’Israël demandera», a indiqué une source dans l’entourage d’Emmanuel Macron à l’AFP. Une offensive terrestre à Gaza, telle que l’envisage l’armée israélienne, «serait très difficile à mener dans le respect» du «droit international», glisse-t-on aussi.
Pour Mélenchon, une telle proposition menace la paix
Une proposition qui n’a pas manqué de faire réagir l’opposition. La France insoumise a protesté contre l’idée du président français, jugeant un tel positionnement de l’exécutif «incohérent donc dangereux pour la France et la paix». Sur X (ex-Twitter), se demandant si la France participait à la guerre contre le Hamas – «Où ? Quand ? A Gaza ? Maintenant ?» –, Jean-Luc Mélenchon a averti que la «guerre au terrorisme» de G.W Bush et des néoconservateurs américains était «tout un monde que la diplomatie française récusait». «Alors où est le cessez-le-feu ?», a-t-il interrogé.
Attention les mots ont un sens précis en diplomatie. La "guerre au terrorisme" par le retour de la coalition contre Daech cela veut dire la France participe à la guerre contre Hamas. Où ? Quand ? À Gaza ? Maintenant ? Alors où est le cessez-le-feu. Ce point du discours de Macron…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 24, 2023
Même son de cloche pour le député LFI Manuel Bompard. «Qu’est-ce que cela veut dire ? Des bombardements français à Gaza ? Des soldats français engagés sur le terrain ? Quand ?», a-t-il demandé après la proposition du chef d’Etat français, affirmant que la France devait au contraire «porter la voix de la paix».
Philippot accuse la France de suivre les Etats-Unis
Thomas Portes, également député LFI, est allé encore plus loin, demandant si la France allait participer «aux crimes de guerre d’Israël en bombardant les civils à Gaza».
Depuis Israël Macron propose que la France entre en guerre contre le Hamas.
Cela signifie quoi ?
Macron propose-t-il que la France participe aux crimes de guerre d'Israël en bombardant les civils à Gaza ?
La responsabilité de la France c'est de porter la voix de la paix.— Thomas Portes (@Portes_Thomas) October 24, 2023
Depuis le 7 octobre, La France insoumise est dans la tourmente médiatique pour avoir renâclé à qualifier le Hamas de groupe terroriste et critiqué la riposte de l’Etat hébreu sur la bande de Gaza. Lors d’une interview sur Sud Radio le 17 octobre, Danièle Obono avait qualifié le groupe islamiste gazaoui de «mouvement de résistance». La classe politique française avait également cloué au pilori le chef des Insoumis pour avoir critiqué le déplacement de la présidente de l’Assemblée nationale en Israël. Sur X, il avait ainsi écrit le 22 octobre : «Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français !»
A droite aussi, la proposition du président Macron fait polémique. Dans un message publié sur X, le président des Patriotes Florian Philippot reproche à l’exécutif «un alignement complet sur la rhétorique néoconservatrice qui est la garantie d’une guerre éternelle». L’ancien membre du Front national déplore la politique française qui s’enfonce «dans un bourbier sous conduite américaine» en réitérant que la France doit s’engager dans la voie du non-alignement pour être «capable de parler à tout le monde».
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