Le Kirghizstan a annoncé le 16 septembre un cessez-le-feu avec le Tadjikistan après des affrontements meurtriers à la frontière entre ces deux pays d'Asie centrale. Plusieurs milliers de civils ont d'ores et déjà été évacués.
Dans la nuit du 16 au 17 septembre, le ministère kirghiz de la Santé a fait savoir que les combats à la frontière entre son pays et le Tadjikistan avaient fait au moins 24 morts côté kirghiz, dans la région de Batken, située au sud-ouest du Kirghizstan.
Plus tôt dans la journée, le président kirghiz Sadyr Japarov et son homologue tadjik Emomali Rakhmon se sont entretenus en marge d’un sommet régional de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Ouzbékistan.
Ils ont convenu de «donner pour instruction aux institutions concernées de cesser le feu et de retirer les forces et les équipements de la ligne de contact», selon un communiqué de la présidence kirghize.
Un cessez-le-feu est entré en vigueur dans l’après-midi mais, comme le rapporte l’AFP, les gardes-frontières kirghiz ont rapidement accusé l’armée tadjike d’«avoir ouvert le feu à nouveau». Dans la soirée, ils jugeaient la situation «tendue», affirmant toujours «repousser les attaques de l’ennemi [qui bénéficierait de renforts] en équipements lourds et automobiles».
Leurs homologues tadjiks ont répliqué dans un communiqué, dénonçant «les tirs de la partie kirghize [en direction] de trois villages du Tadjikistan».
Lors de leur entretien, les présidents du Kirghizstan et du Tadjikistan avaient pourtant appelé leurs troupes à un cessez-le-feu, premier signe de désescalade après plusieurs heures de combats intenses à la frontière.
Les deux présidents se sont entendus pour créer «une commission chargée d’enquêter sur la cause des incidents», soulignant l’importance de résoudre leurs différends par «des moyens politiques et diplomatiques», a rapporté l’agence de presse tadjike Khovar.
Si des heurts ont régulièrement lieu à la frontière entre ces deux ex-républiques soviétiques empêtrées depuis de longues années dans des disputes territoriales, les dernières violences ont marqué une aggravation notable.
La Russie a exprimé le 16 septembre sa «préoccupation» par le biais du président russe Vladimir Poutine qui a, en marge du sommet de l’OCS, qualifié la situation de «tendue».
Une frontière sous haute tension
Selon le Kirghizstan, les forces tadjikes ont bombardé le jour même la ville kirghize de Batken, située près d’une zone contestée entre les deux pays.
Le ministère kirghiz de la Santé a annoncé que 87 personnes avaient été hospitalisées dans la journée, selon un nouveau bilan cité par l’AFP.
La branche locale du Croissant-Rouge a estimé qu’au moins 19 000 personnes habitant près de Batken avaient été évacuées.
Le Tadjikistan a accusé les forces kirghizes d’avoir ouvert le feu tôt dans la journée sur des postes frontaliers tadjiks, sans faire état dans l’immédiat de victimes dans ses rangs.
Des affrontements entre les deux pays en début de semaine avaient fait deux morts dans les rangs des gardes-frontières tadjiks et plusieurs blessés de part et d’autre.
La frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizstan est le théâtre d’affrontements meurtriers réguliers. Près de la moitié des 970 kilomètres de frontière commune est contestée et les progrès en termes de délimitation ont été lents ces dernières années.
L’année 2021 a vu un nombre d’affrontements sans précédent opposer les deux parties, faisant plus de 50 morts et laissant craindre l’élargissement du conflit.
Que retenir du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai en Ouzbékistan (EN CONTINU)