Deux grandes régions allemandes, la Bavière et la Basse-Saxe, ont indiqué vouloir poursuivre toute personne utilisant en public la lettre «Z», devenue un symbole du soutien à l'opération militaire russe en Ukraine.
Les gens qui «expriment publiquement leur approbation de la guerre d’agression du président russe Poutine contre l’Ukraine en utilisant ce symbole “Z” doivent s’attendre à des conséquences pénales», a déclaré le ministre de l’Intérieur du Land Basse-Saxe, Boris Pistorius, dans un communiqué le 26 mars, en référence à l’opération militaire russe lancée le 24 février.
Les personnes arborant un «Z» en public «doivent savoir qu’ils peuvent être poursuivis pour avoir toléré des crimes», a prévenu quant à lui le ministre de la Justice du Land de Bavière, Georg Eisenreich, dans un message transmis à l’AFP.
La Bavière (sud) et la Basse-Saxe (nord) sont les deux plus grands Etats régionaux (Länder) de l’Allemagne, en superficie.
Depuis le début de l’opération russe en Ukraine, un «Z» blanc est apparu sur des chars et des uniformes russes. Début mars, le ministère russe de la Défense a publié sur Instagram des photos de l’armée, dont une siglée d’un grand «Z» blanc accompagné de la formule : «Pour la victoire» («За победу»). Ce signe a été depuis décliné dans l’espace public, en Russie mais aussi en dehors du pays, en étant montré «sur des bâtiments, des voitures ou des vêtements», a déclaré de son côté le ministère en Basse-Saxe.
Que cela soit aussi le cas dans cette région d’Allemagne, lors de manifestations par exemple, est «absolument incompréhensible» et vise à «cautionner ces crimes», a aussi estimé Boris Pistorius.
La liberté d’expression s’arrête là où commence le droit pénal
«Chacun est autorisé à exprimer son opinion en Allemagne, [mais] la liberté d’expression s’arrête là où commence le droit pénal», lui a fait écho le ministre bavarois, dont les services ont donné des instructions aux procureurs publics de Bavière.
Le code pénal allemand punit de peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement et d’une amende pécuniaire quiconque manifeste une approbation publique de guerres d’agression, susceptible de troubler l’ordre public.
Opération russe en Ukraine visant à démilitariser» et «dénazifier» l’Ukraine
L’offensive en Ukraine, lancée le 24 février dernier, vise selon le président russe Vladimir Poutine à «démilitariser» et «dénazifier» l’Ukraine et à venir en aide aux Républiques populaires autoproclamées de Donetsk et Lougansk (dont Moscou reconnaît l’indépendance).
Cette opération est dénoncée comme une guerre d’invasion par les Occidentaux, qui ont multiplié les sanctions anti-russes en représailles. En outre le 2 mars, l’Assemblée générale de l’ONU a voté en faveur d’une résolution appelant Moscou à retirer «immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires» d’Ukraine.
A plusieurs reprises depuis le début des opérations, le président russe a souligné que les combats s’arrêteraient quand Kiev accepterait les demandes de son pays concernant la neutralité et la «démilitarisation» de l’Ukraine, ainsi que la reconnaissance de la souveraineté de Moscou sur la péninsule de Crimée, rattachée à la Russie en 2014, et l’indépendance des républiques du Donbass.
L’armée russe va concentrer ses efforts sur «la libération du Donbass», selon un de ses responsables